La loi Macron a cristallisé les passions, avec ses deux cents pages de micro-mesures.
Ce paradoxe d’être un catalogue qui relève plus de la boîte à outils que de la vision législative ne manque pas de surprendre : il trahit bien l’impuissance grandissante d’une gouvernance confrontée à un monde de plus en plus complexe.
La loi Macron, un catalogue interminable de micro-mesures
Dans sa version initiale, la loi Macron regorgeait déjà d’articles hétéroclites, allant de la concurrence entre rail et autocars jusqu’aux conditions de licenciement collectif en passant par l’épargne salariale. Le jeu parlementaire n’a cessé de l’enrichir et de la complexifier, jusqu’à produire un texte qui compte désormais deux cents pages.
On touche ici au dilemme de l’exercice. Cette loi qui s’attaque aux rentes (et c’est un bien) ajoute de nouvelles couches de complexité aux dispositions existantes. On veut simplifier, mais on complique forcément. Lorsque le gouvernement a fait le choix de procéder par adaptations ponctuelles, par frappes juridico-chirurgicales, il a assumé le risque de cette complexité.
Le choix de la boîte à outils
François Hollande ne s’en était pas caché il y a près de deux ans : il voulait doter la France d’une boîte à outils pour lutter contre le chômage. La loi Macron traduit bien cette orientation : foin des grandes lois ambitieuses, la France est entrée dans l’ère de Super-Mario, avec ses petits mouvements de vis et ses resserrements de boulons ou d’écrous. Au fond, la gouvernance à la François Hollande, c’est le règne de la mesurette et des petits pas, qui peuvent aller dans un sens comme dans l’autre.
La loi Macron ou l’ère de la gouvernance micron
Ce passage à la boîte à outils n’est pas qu’un accident. Il est un signe des temps. Face à un millefeuille législatif et réglementaire d’une complexité incontrôlable, l’Etat doit renoncer aux mesures spectaculaires. Il doit se contenter d’entrer dans la tuyauterie de la machine étatique pour procéder à des réparations ponctuelles, difficiles à expliquer au grand public et d’un effet très lent et très circonscrit. L’Etat est en crise, et la loi Macron propose, au fond, une gouvernance micron pour la surmonter. Une dernière tentative avant le dérapage final ?