Fonte de la banquise : qui sont les véritables responsables ?

La fonte de la banquise atteint un niveau historique en 2025. Face à un réchauffement climatique qui s’emballe, les gouvernements du monde entier rivalisent d’inaction et d’hypocrisie. Pendant que la glace disparaît, les sommets climatiques se multiplient, les grandes puissances continuent de polluer et le cynisme économique règne en maître.

Jade Blachier
Par Jade Blachier Publié le 6 mars 2025 à 11h49
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Le 7 février 2025, la banquise arctique et antarctique a atteint son niveau le plus bas jamais enregistré. En Antarctique, la surface de la glace est inférieure de 26 % à la moyenne saisonnière, tandis qu’en Arctique, la situation empire d’année en année. Ce phénomène, qui aurait dû déclencher une réponse immédiate et massive, est relégué au rang de statistique supplémentaire.

Une catastrophe annoncée pour la banquise, un silence coupable

La fonte accélérée des glaces polaires n’a rien d’une surprise. Depuis des décennies, les climatologues alertent sur ce phénomène, démontrant qu’il est directement lié aux émissions de gaz à effet de serre. Pourtant, chaque année, la réponse politique se résume à de vagues promesses et à des rapports sur la "neutralité carbone" dont la seule utilité est de rassurer l’opinion publique.

Les records de température sont systématiquement battus et les océans atteignent des niveaux de chaleur jamais vus. En février 2025, la température moyenne mondiale des océans a franchi la barre des 20,88°C, amplifiant la fonte des glaces et accélérant la montée des eaux. Pendant que les scientifiques crient à la catastrophe, les gouvernements valident des projets d’exploitation pétrolière et multiplient les accords commerciaux sur les énergies fossiles. Le pétrole et le gaz continuent d’être extraits, transportés et consommés à des niveaux vertigineux.

Qui sont les coupables ? Une hiérarchie de la pollution bien connue

Les Nations Unies, dans leurs multiples rapports, pointent les grandes causes du réchauffement climatique. La production d’énergie à partir des énergies fossiles reste l’élément central du problème. La majorité de l’électricité mondiale provient encore du charbon, du pétrole et du gaz, et les investissements dans ces industries ne montrent aucun signe de ralentissement.

L’industrie manufacturière, avec sa production d’acier, de ciment et de plastiques, alimente également le chaos climatique. Loin de se réformer, elle se développe à un rythme effréné sous prétexte de répondre à une demande toujours croissante.

Le transport est un autre pilier de la pollution. Les avions, les porte-conteneurs et les camions représentent une part colossale des émissions de gaz à effet de serre. Malgré les discours sur les "mobilités douces", la réalité est que le trafic mondial explose et que les émissions suivent la même courbe ascendante.

Il y a aussi l’agriculture intensive, la déforestation, l’urbanisation galopante… Autant de facteurs bien identifiés, autant de catastrophes annoncées. À chaque sommet sur le climat, les pays industrialisés promettent de réduire leurs émissions, tout en exportant leur pollution vers les pays en développement sous forme de sous-traitance et de déforestation massive.

Un monde sous perfusion d’énergies fossiles

Les trois principaux responsables du réchauffement climatique en valeur absolue sont bien connus : la Chine, les États-Unis et l’Inde. La Chine, en particulier, est responsable de 32,9 % des émissions mondiales de CO2, en raison de son industrialisation frénétique et de sa dépendance au charbon. Les États-Unis, avec 12,6 %, restent le deuxième pollueur mondial, profitant de leur dépendance aux voitures thermiques et d’un mode de vie énergivore. L’Inde, avec 7 %, suit de près, bien qu’elle affiche une empreinte carbone par habitant bien inférieure aux deux premiers.

L’Europe n’est pas en reste, avec une Allemagne qui carbure encore au charbon et qui pèse lourdement sur le bilan écologique du continent. La France, grâce à son parc nucléaire, affiche un bilan moins désastreux, mais participe pleinement au modèle de surconsommation qui alimente la catastrophe.

Le rôle des pays du Golfe : une pollution démesurée par habitant

Si les grands pays industrialisés sont responsables d’une part massive du réchauffement climatique, un autre acteur majeur est souvent passé sous silence : les pétromonarchies du Golfe. Qatar, Arabie Saoudite, Émirats arabes unis… Ces pays affichent des émissions par habitant astronomiques, bien supérieures à celles de la Chine ou des États-Unis. En Arabie Saoudite, la production effrénée de pétrole et la consommation excessive d’énergie en font un des plus gros pollueurs de la planète par individu. Le Qatar, quant à lui, détient le record absolu avec une empreinte carbone par habitant hallucinante.

Cette surproduction énergétique n’a qu’un seul but : inonder le marché mondial d’énergies fossiles pour satisfaire une demande insatiable, principalement venue des pays occidentaux. Le modèle économique du Golfe repose sur un paradoxe glaçant : financer son développement à coups de pétrodollars tout en regardant le monde sombrer dans le chaos climatique.

Une société obsédée par la consommation et l’inutile

Au-delà des responsables gouvernementaux et industriels, il faut pointer une évidence dérangeante : nous vivons dans une société de surconsommation où tout est conçu pour alimenter une frénésie inutile. Intelligence artificielle, robots, divertissement à outrance… La modernité s’est transformée en un gigantesque cirque technologique où l’on vend aux masses des gadgets dont elles n’ont pas besoin, tout en accélérant la destruction de la planète.

Les grandes puissances économiques ne cherchent qu’une chose : le profit immédiat. L’intelligence artificielle, censée "optimiser" nos vies, est avant tout un gouffre énergétique. Les industries du divertissement participent aussi à cette fuite en avant, mais à une échelle démesurée. Parcs d’attraction gigantesques, îles artificielles à Dubaï, centres commerciaux surdimensionnés, festivals énergivores… Tout est conçu pour en mettre plein la vue, sans considération pour l’impact écologique. Cette quête du spectaculaire ne repose que sur une illusion : consommer toujours plus.

Nos sociétés ont conditionné les hommes à désirer l’inutile. L’urgence climatique est bien réelle, mais les priorités des grandes puissances restent inchangées : vendre, produire, accumuler des profits. Lorsque le climat aura définitivement pris le dessus, il ne restera plus ces biens et services convoités par les esprits consommateurs.

Jade Blachier

Diplômée en Information Communication, journaliste alternante chez Economie Matin.

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