L’Organisation mondiale de la santé (OMS) alerte sur une stagnation inquiétante des progrès réalisés en matière de lutte contre la mortalité maternelle. En dépit des avancées obtenues depuis deux décennies, plusieurs régions du monde enregistrent une recrudescence des décès liés à la grossesse et à l’accouchement, mettant en cause les choix politiques, budgétaires et institutionnels de nombreux États, notamment les Etats-Unis de Trump.
Selon l’ONU, les coupes budgétaires de Trump tuent déjà des mères

Le 7 avril 2025, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a publié un rapport en forme de réquisitoire. Derrière les chiffres, 260 000 femmes mortes en couches en 2023, c’est toute une architecture de responsabilités politiques qui se dessine. La stagnation de la lutte contre la mortalité maternelle n’est pas une fatalité biologique, ni une anomalie statistique. Elle est la conséquence directe de décisions stratégiques, de repli nationaliste, de coupes budgétaires volontaires, de fragilisation méthodique de l’aide internationale. Et au premier rang des accusés : les États-Unis de Donald Trump.
La géopolitique du ventre : quand l’idéologie conditionne la vie
L’alerte lancée par l’OMS ne se contente pas de décrire un monde en régression. Elle désigne les causes, nomme les responsables. Depuis 2016, les progrès réalisés en matière de santé maternelle ont drastiquement ralenti. En cause ? La montée de certaines idéologies qui voient dans l’aide au développement une dépense superflue.
À Washington, le retour de Donald Trump à la Maison Blanche a entraîné une coupe sévère dans les financements alloués à l’aide humanitaire internationale, notamment via la fermeture programmée de l’USAID, agence pourtant clé dans les programmes de santé reproductive à l’échelle mondiale. L'OMS ne s'y trompe pas : le retrait américain a provoqué un effondrement de certains services médicaux de première nécessité dans plusieurs États vulnérables.
Chiffres accablants, volontés défaillantes du côté des Etats-Unis de Trump
260 000. C’est le nombre de décès maternels recensés pour l’année 2023, soit 712 femmes par jour, une toutes les deux minutes. Ce chiffre est d’autant plus saisissant qu’il intervient après vingt ans de baisse continue. Entre 2000 et 2023, la mortalité maternelle avait chuté de 40 %, preuve que les politiques ciblées fonctionnent.
Mais ces gains sont aujourd’hui menacés. Selon les projections des Nations unies, 80 % des pays n’atteindront pas les objectifs de développement durable fixés pour 2030 en matière de santé maternelle, et un tiers d’entre eux échoueront à réduire la mortalité néonatale. Le coup de frein est mondial : stagnation en Europe, recul en Amérique du Nord, dérive en Amérique latine et dans les Caraïbes.
Afrique subsaharienne, zone sinistrée par les arbitrages internationaux
Région la plus touchée, l’Afrique subsaharienne concentre à elle seule 70 % des décès maternels mondiaux. Malgré des avancées significatives, les systèmes de santé y restent structurellement dépendants de l’aide extérieure. Or, lorsque cette aide s’effondre, ce sont les maternités qui ferment, les médicaments qui disparaissent, les sages-femmes qui désertent.
Le rapport pointe également les zones de conflit ou de fragilité institutionnelle : 64 % des décès de 2023 ont eu lieu dans des pays instables. Là encore, la santé maternelle devient un thermomètre politique : là où les États sont faibles, les femmes meurent davantage. Le lien entre souveraineté politique, stabilité budgétaire et droits reproductifs est aujourd’hui incontestable.
Les États-Unis, miroir d’un effondrement à visage démocratique
La situation aux États-Unis incarne un paradoxe. Première puissance mondiale, le pays affiche pourtant une augmentation de 38 % de la mortalité maternelle depuis 2000. La levée de la protection fédérale du droit à l’avortement, la désorganisation des services hospitaliers dans certains États, l’inégal accès aux soins : tout concourt à faire du pays un contre-modèle.
Un sursaut mondial ou une abdication silencieuse ?
Face à cette débâcle annoncée, l’OMS et ses partenaires ont lancé une campagne mondiale d’un an pour relancer la mobilisation autour de la santé maternelle et néonatale. La santé des mères ne peut plus être une ligne budgétaire variable, ni un enjeu secondaire dans les négociations diplomatiques.
Car ce qui est en jeu, ce n’est pas seulement le sort des femmes enceintes dans les hôpitaux de Kinshasa, de Kaboul ou de La Nouvelle-Orléans. C’est la cohérence même des engagements internationaux.