Et si l’économie sauvait l’écologie ? François de Rugy et Laurent Lesage lancent leur chaîne YouTube

Dans un contexte où l’écologie devient de plus en plus le théâtre de discours radicaux, une nouvelle voix tente de se faire entendre. Celle de François de Rugy et Laurent Lesage, à travers une chaîne YouTube au nom volontairement provocateur. Leur objectif ? Refuser la simplification idéologique et restaurer la rationalité dans le débat environnemental en réconciliant l’écologie, l’économie et la société.

Axelle Ker
By Axelle Ker Last modified on 11 avril 2025 12h04
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Et si l’économie sauvait l’écologie ? François de Rugy et Laurent Lesage lancent leur chaîne YouTube - © PolitiqueMatin

Où est passé le débat public sur les sujets écologiques ?

Mardi 8 avril 2025, le cinéma Balzac, dans le 8ᵉ arrondissement de Paris, accueillait une salle comble pour la projection de la seconde émission de la chaîne Youtube : Et si l’économie sauvait l’écologie ? Un lancement public remarqué pour cette chaîne YouTube créée par François de Rugy, ancien ministre de la Transition écologique et député, et Laurent Lesage, journaliste d’enquête (M6, TF1) puisque leur seconde émission cumule déjà 84 000 vues. Développée sous statut associatif, elle propose un traitement des questions environnementales fondé sur l’analyse, la méthode scientifique et les liens avec l’économie. « Le titre de notre chaîne YouTube est volontairement provocateur pour mettre en avant les liens indispensables entre économie et écologie », a tenu à souligner François de Rugy avant la projection. Une déclaration qui s’inscrit dans une réflexion plus large, que l’ancien ministre de la Transition écologique assume du reste pleinement devant son auditoire : la politique ne contribue-t-elle pas, parfois, à affaiblir la cause écologique ?

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Le thème de cette seconde émission entre, on peut le dire, dans le vif du sujet. Elle s’intéresse à l’un des dossiers les plus sensibles du moment : les PFAS, ces substances chimiques présentes dans de nombreux objets du quotidien, que l’on désigne communément sous le nom de « polluants éternels ». Depuis l’adoption de la loi du 20 février 2025, qui en prévoit l’interdiction, les PFAS sont devenus, pour de nombreux Français, un nouvel ennemi public. Par ricochet, ce sont aussi les industriels qui les utilisent dans la fabrication de leurs produits qui se retrouvent directement mis en cause par les militants écologistes et leurs soutiens, politiques comme médiatiquesy compris lorsque les substances concernées ne présentent aucun danger avéré pour la santé – en témoigne le traitement dont fut l'objet le groupe Tefal.

Quid de la parole donnée aux scientifiques ?

L’objectif de la chaîne YouTube « Et si l’économie sauvait l’écologie ? » entend ramener les questions de fond en redonnant toute sa place à l’expertise scientifique, dans un débat trop souvent dominé par l’émotion, les postures politiques ou la recherche du scandale, dont certains médias, pour ne pas les nommer, ne cachent pas d'être friands. Cette seconde émission pose une question simple, mais néanmoins essentielle pour aborder le fond du sujet : tous les PFAS sont-ils réellement dangereux ? Quelles seraient les conséquences concrètes d’une interdiction totale des PFAS – justifiée par un principe de précaution – pour notre économie, notre industrie, la société dans son ensemble, et pour quel gain écologique ?

En effet, ce que démontre l’émission, c’est avant tout un déséquilibre flagrant dans le traitement médiatique et politique du sujet des PFAS, d'où le nom de l'émission : « Une manipulation derrière la loi anti-PFAS ? » « L’objectif de notre enquête sur les PFAS est de déconstruire le discours qui est relayé sur la dangerosité caricaturale et systémique de TOUS les PFAS » insiste Laurent Lesage, avant la projection de l'émission.

Dans cette émission, François de Rugy et Laurent Lesage en appellent à Géraldine Woessner, rédactrice en chef au Point – auteur de : Les illusionnistes – Climat, agriculture, nucléaire, OGM : l'enquête inédite sur les dérives de l'écologie politique – qui a fait de son cheval de bataille les dérives idéologiques de l'écologie. Avant le vote de la loi anti-PFAS « a-t-on entendu les chercheurs ? A-t-on fait l’effort de comprendre la chimie des PFAS ? » interroge-t-elle.

Cette question prend tout son sens au regard des témoignages scientifiques et des industriels qui sont intégrés à l’enquête de Laurent Lesage. Le chercheur Bruno Améduri, directeur de recherche au CNRS, y affirme sans ambiguïté : « Il existe deux sortes de PFAS. Les PFAS de faible masse sont toxiques tandis que les PFAS qui présentent des masses molaires très élevées sont des produits non toxiques que notre corps accepte ». Une distinction fondamentale pour la compréhension du sujet… mais qu’aucun grand média n’a jugé utile de porter à la connaissance du public. 

Interdiction des PFAS : tout a-t-il bien été pesé dans la balance ?

Adoptée le 20 février 2025, la loi prévoit d’interdire tous les PFAS dès 2026, sans faire de distinction entre les substances dangereuses et celles inoffensives pour la santé. C’est pourtant le cas du PTFE, utilisé dans les poêles antiadhésives du groupe Tefal, et reconnu comme inerte et non toxique. Dans leur tribune publiée dans Le Figaro le 31 mars 2025, François de Rugy et Laurent Lesage dénoncent ce qu’ils perçoivent comme une dérive du traitement législatif des PFAS, fondée non sur la science, mais sur une logique de communication dominée par la peur : « Une loi digne de ce nom ne se fonde ni sur la peur ni sur l’image, mais sur le savoir », rappellent-ils. Ils fustigent une campagne de pression médiatique, largement relayée par certaines figures publiques, qui ont pris l’habitude de donner la priorité aux discours militants – portés par des associations ou des activistes – au détriment de la parole des scientifiques. Résultat : des experts reconnus comme Bruno Améduri sont écartés du débat, simplement parce que leurs analyses ne cadrent pas avec le récit dominant.

En d’autres termes — et c’est l’une des questions centrales soulevées par l’émission — le principe de précaution doit-il primer sur tout le reste ? La réflexion est d’autant plus légitime au sujet des PFAS que, contrairement à l'approche française, l’Union européenne s’en tient à une législation basée sur la science ...

De fait — et c’est l’avertissement formulé par l’émission — l’interdiction sans distinction de TOUS les PFAS, indispensables à de nombreux secteurs comme l’automobile, le textile ou l’électroménager, risque de fragiliser des pans entiers de l’industrie française, menaçant avec elle, des milliers d’emplois, et cela, sans qu’aucun bénéfice sanitaire ni écologique tangible n’ait été scientifiquement démontré.

Défendre une transition écologique crédible et durable

La chaîne YouTube Et si l’économie sauvait l’écologie ? vise ainsi à s'imposer comme un outil de clarification et de décryptage. Ni hostile à l’écologie, ni alignée sur les intérêts industriels, elle cherche avant tout à éclairer le grand public en apportant de la nuance et en réintroduisant un véritable débat de fond sur des sujets complexes.

Pour François de Rugy et Laurent Lesage, il s’agit de réconcilier la science, l’écologie et l’économie, afin de parvenir à une transition à la fois crédible et durable. Un « triptyque vertueux », qu’ils opposent aux discours portés par l’écologie politique actuelle, qui fait de la décroissance son horizon unique. Une initiative porteuse d'espérance en somme.

Axelle Ker

Diplômée en sciences politiques et relations internationales, journaliste chez Économie Matin & Politique Matin.

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