Elle est déjà partout. Silencieuse, retentissante, elle infiltre les réseaux, les moteurs, les esprits. La machine de la désinformation russe vise la France, et elle n’en est qu’à ses débuts. À deux ans de l’échéance présidentielle de 2027, une question dérange : et si la prochaine élection française se jouait… à Moscou ?
Présidentielle 2027 : la propagande russe peut-elle faire basculer le scrutin ?
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Published on 17 avril 2025 10h30
Cinq récits inventés, 55 millions de vues, et une cible claire : la France. Le reste pourrait n’être qu’un début. Derrière ces scandales montés de toutes pièces, c’est une stratégie. Et elle a déjà prouvé ailleurs qu’elle pouvait faire basculer des scrutins.
Une mécanique bien rodée déjà en action
Depuis décembre 2024, la propagande russe s’abat sur la France avec une intensité inédite. En seulement quatre mois, 38 877 publications en ligne ont relayé cinq infox, fabriquées et diffusées par Storm-1516, une structure d’influence liée au Kremlin. Résultat : 55,8 millions de vues !
Par comparaison, les quatre mois précédents n’avaient vu circuler qu’un seul récit mensonger, relayé 938 fois pour à peine 845 000 vues. Autrement dit : l’offensive s’accélère, et elle frappe fort. À la manœuvre, John Mark Dougan, ancien policier américain reconverti en propagandiste russe. Le procédé est toujours le même : des vidéos virales, des visages recréés par IA, des accusations sordides… et un effet choc instantané.
Ces récits inventés ne tombent pas au hasard. Ils apparaissent alors que la France continue son soutien à l’Ukraine et que l'Hexagone est en pleine instabilité politique avec la fragmentation de l'Assemblée nationale. L’attaque est calibrée, le calendrier est stratégique.
Parmi les cibles : Emmanuel Macron, accusé à tort d’avoir eu une liaison homosexuelle avec un homme décédé, ou encore Brigitte Macron, au cœur d’une fausse vidéo d’agression sexuelle. Avec la condamnation en première instance de Marine Le Pen, que Poutine souhaite voir débarquer à l'Élysée, qui devrait l'écarter de la course à la présidentielle de 2027, le risque d’une manipulation électorale anticipée est-elle possible ?
Comme le confie à NewsGuard un officier français chargé du suivi de ces menaces : “Les opérations de désinformation visant la France s’intensifient à mesure que le soutien avéré et assumé de la France à l’Ukraine se confirme”.
La présidentielle de 2027, future cible directe ?
Ce n’est pas une première. Aux États-Unis, en 2024, pour la présidentielle, la désinformation orchestrée depuis Moscou a pesé sur le scrutin. Même logique en Allemagne : avant les élections de février 2025, des récits identiques, générés par IA, ont visé certains candidats.
Depuis août 2023, NewsGuard a identifié 51 fausses informations émanant de Storm-1516, ciblant tour à tour l’Ukraine, les JO de Paris, les scrutins américains, allemands… et maintenant la France. À chaque fois, les mêmes ingrédients : témoignages erronés, blanchiment algorithmique, amplification virale.
Storm-1516 ne s’arrêtera pas là. Pour l’instant, la France a été épargnée par les réseaux de faux sites locaux qui ont servi de caisse de résonance aux États-Unis et en Allemagne. Mais selon plusieurs sources sécuritaires, la prochaine étape est probable, voire imminente.
Le Premier ministre François Bayrou l’a reconnu lors d’un forum de Viginum le 28 mars 2025 : “On (…) détecte des interventions massives venant de Russie”, avec une IA qui “permet à cette manipulation de s’exercer à une échelle jamais atteinte”.
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