Le 16 avril 2025, le gouverneur de Californie, Gavin Newsom, a annoncé avoir déposé une plainte au nom de l’État fédéré contre l’administration Trump. En cause : l’imposition unilatérale de nouveaux droits de douane, que l’État juge inconstitutionnelle. L’action en justice, déposée devant le tribunal du district nord de Californie, repose sur une remise en cause frontale de l’usage présidentiel de la loi d’urgence économique américaine de 1977.
Droits de douane : le gouverneur de Californie se rebiffe contre Trump

Au‑delà de ce bras de fer juridique, c’est une toute autre bataille qui semble se profiler.
La Californie attaque en justice Trump
La plainte californienne déposée par le gouverneur Gavin Newsom cible directement l’interprétation présidentielle d’un texte fédéral ancien, l’International Emergency Economic Powers Act (IEEPA), rédigé à l’origine pour faire face à des menaces extérieures précises. Or, c’est sur cette base que Donald Trump justifie l’instauration des « droits de douane réciproques ». Que nenni, rétorque Gavin Newsom, qui estime que ce recours détourné à une législation d’exception constitue une tentative manifeste de court‑circuiter le Congrès « sous une fausse urgence nationale ».
Outre la question du droit constitutionnel américain, cette action en justice déposée par Gavin Newsom vise, aussi, à défendre le poids stratégique de la Californie parmi les 52 États fédérés. Équivalente à la cinquième puissance économique mondiale, avec un produit intérieur brut supérieur à 3 600 milliards d’euros — contre 2 921 milliards pour la France en 2024, classée septième —, la Californie concentre à elle seule 14 % de l’économie américaine. Industrie manufacturière, agriculture, haute technologie, ports stratégiques : tous ces secteurs se sont retrouvés en première ligne face aux droits de douane réciproques imposés par le Bureau ovale depuis le début du mois d’avril 2025.
« C’est de l’inconscience… Ce type détruit l’économie des États-Unis », a ainsi dénoncé Gavin Newsom. Le gouverneur accuse Donald Trump de « créer une instabilité destructrice » et de « précipiter des hausses de coûts insupportables pour les ménages et les entreprises ». L’État de Californie demande ainsi, par la voix de son gouverneur, au juge fédéral de suspendre l’application immédiate de ces mesures, arguant que la politique douanière de Donald Trump a été prise « sans consultation, ni contrôle parlementaire ».
Des propos auxquels le porte-parole de la Maison-Blanche, Kush Desai, a répliqué en reprochant au gouverneur de chercher à « détourner l’attention de la criminalité endémique, de l’itinérance et du coût de la vie en Californie », avant d’ajouter que « l’administration Trump reste déterminée à utiliser tous les outils à sa disposition pour remédier aux déficits commerciaux persistants ».
No state has more to lose from Donald Trump’s destructive tariffs.
So we’re bringing him to court. pic.twitter.com/HL50jRZLDN
— Gavin Newsom (@GavinNewsom) April 17, 2025
Préparer le terrain pour 2028 ?
Cette plainte n’a rien d’un acte isolé. Depuis le retour de Donald Trump à la Maison-Blanche, Gavin Newsom n'a eu de cesse de multiplier les recours à son endroit. Depuis le mois de janvier 2025 en effet, pas moins de quinze procédures ont été engagées par l’État contre le 47e président américain, celle-ci étant la plus récente. Une continuité pleinement assumée par la Californie, qui, sous le premier mandat du président républicain, avait déjà cumulé 123 actions en justice contre les décisions fédérales prises par Trump.
Nonobstant, cette nouvelle offensive judiciaire se distingue nettement des précédentes. Si elle soulève des questions à la fois constitutionnelles et économiques, celles‑ci relèvent également du champ politique. Pour la première fois, en effet, le gouverneur Gavin Newsom s’implique personnellement dans une procédure aussi frontale contre Donald Trump, c’est‑à‑dire sans s’appuyer sur une coalition d’autres États fédérés, ni se retrancher derrière le procureur général de l’État, Rob Bonta.
Une posture qui ne manque pas de lui donner une visibilité médiatique sans précédent, et qui, de prime abord, semble en dire long sur son ambition, qui ne serait autre que celle de se positionner, dès à présent, comme l’alternative au protectionnisme trumpien, soit, comme le prochain candidat du camp Démocrate pour l'élection présidentielle américaine de 2028.