Le 72e miracle de Lourdes bouleverse l’Église

Et si les lois de la science s’effondraient parfois à la frontière de la foi ? Quand la raison trébuche et que les diagnostics s’étiolent, un autre récit s’impose, aussi insaisissable qu’insistant : un nouveau miracle est reconnu à Lourdes.

Adelaide Motte
By Adélaïde Motte Published on 18 avril 2025 12h09
Miracle
Le 72e miracle de Lourdes bouleverse l’Église - © PolitiqueMatin

Le 17 avril 2025, le diocèse de Tursi-Lagonegro en Italie a officiellement reconnu un miracle survenu seize ans plus tôt à Lourdes, dans le sanctuaire marial mondialement connu. La guérison jugée « inattendue, complète, durable et inexpliquée » d’Antonietta Raco marque le 72e cas inscrit dans les annales de l’Église catholique. Derrière cette proclamation, un itinéraire humain troublant, une souffrance écrasante, et une rédemption au parfum mystique.

Un miracle à Lourdes ? Le récit bouleversant d’Antonietta Raco

Diagnostiquée en 2004 d’une sclérose latérale primitive, forme incurable d’atteinte du système nerveux, Antonietta Raco perd peu à peu sa mobilité. « Je marchais avec des béquilles, j'avais des douleurs musculaires, je tombais tout le temps je ne savais pas pourquoi », a-t-elle raconté à RTL.

En 2009, elle s’engage dans un pèlerinage de cinq jours à Lourdes, organisé par son diocèse. « Je suis croyante mais je n'espérais pas un miracle, j'avais besoin de paix », témoigne-t-elle. Ce qui s’est produit dans les piscines du sanctuaire, où les pèlerins peuvent se purifier dans l'eau de Lourdes, dépasse, selon ses mots, toute logique : « Quand je suis descendue, nous avons dit une prière et c’est alors que j’ai senti comme une caresse dans le cou ». Une voix féminine douce lui murmure alors à trois reprises : « N’ayez pas peur ». L’effet est foudroyant : larmes, sidération, douleur aiguë dans les jambes… et la sensation de pouvoir à nouveau marcher.

Guérison ou suggestion ? Ce que disent les médecins du miracle de Lourdes

Ce que la croyante ressent, la médecine peine à l’objectiver. Et pourtant, elle le constate. De retour chez elle, Antonietta retrouve l’usage de ses jambes. « J'étais en chaise roulante et c'est alors qu'ils m'ont vu debout en train de marcher très librement (...) ils étaient émerveillés car ils ne pouvaient pas l'expliquer », rapporte-t-elle.

Dès 2010, elle déclare sa guérison au Bureau des constatations médicales de Lourdes, structure adossée à l’Église et exigeant un corpus rigoureux d’analyses scientifiques. En 2013, le Département de neurologie de l’Université de Milan confirme l’absence de trace résiduelle de la pathologie. Résultat : une guérison inexpliquée médicalement.

La suite est digne d’un procès à rallonge : le Comité médical international de Lourdes (CMIL) émet un avis en novembre 2024. Conclusion unanime : guérison « inattendue, complète, durable et inexpliquée ». Il ne restait plus qu’à l’évêque du diocèse italien de formaliser le verdict divin.

Une Église prudente face aux prodiges : le long chemin vers la reconnaissance du miracle

L’Église n’accorde pas le terme de « miracle » comme une bénédiction de routine. Il faut passer par deux procédures distinctes : l’une scientifique, l’autre spirituelle. C’est seulement si les médecins échouent à fournir une explication rationnelle qu’un évêque peut proclamer le caractère miraculeux d’une guérison. C’est précisément ce que l’évêque de Tursi-Lagonegro a fait le 17 avril 2025.

Le miracle, pour être reconnu, doit respecter quatre critères cumulatifs : être instantané, complet, durable et médicalement inexpliqué. Aucun placebo, aucun répit temporaire. La guérison d’Antonietta coche toutes les cases. L’Église a donc tranché, seize ans après les faits.

Le miracle, arme de foi ou trouble-fête rationnel ?

Mais que vaut un miracle aujourd’hui ? La reconnaissance canonique, si elle enchante les croyants, laisse les scientifiques sur le seuil. Le vocabulaire employé par les médecins est révélateur : "sans explication actuelle connue", jamais "miraculeux". Et c’est bien là que réside la ligne de crête entre science et foi.

Pour Antonietta Raco, la date de la reconnaissance de son miracle est troublante. « Il ne faut jamais perdre l’espoir, l’espérance, c’est l’année du jubilé, il faut avoir confiance et foi en notre Seigneur ». L’histoire d’Antonietta Raco convoque une réalité inconfortable : certains événements, aussi documentés soient-ils, échappent à l’analyse. Faut-il pour autant y voir l’empreinte divine ? Chacun jugera.

Adelaide Motte

Diplômée en géopolitique, Adélaïde a travaillé comme chargée d'études dans un think-tank avant de rejoindre Economie Matin en 2023.

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