C’est une nouvelle qui surprend autant qu’elle intrigue : la baisse des taux de crédit immobilier s’accélère alors que la scène politique internationale s’enflamme. Les décisions monétaires et les stratégies électorales semblent étrangement connectées.
Crédit immobilier : la stratégie de Trump qui allège vos mensualités

Le 2 avril 2025, Donald Trump lançait une nouvelle salve dans sa guerre commerciale contre la Chine. Droits de douane rehaussés, ton martial, posture de fermeté... Rien de neuf en apparence, si ce n’est une conséquence inattendue : les taux de crédit immobilier français ont reculé dans la foulée.
Malgré la nervosité des marchés, l’OAT française à dix ans – l’indice de référence pour le calcul des taux immobiliers – a chuté, passant de 3,56 % le 13 mars à 3,20 % le 17 avril. Et cela, en pleine escalade diplomatique.
Les économistes s'interrogent : pourquoi les investisseurs, au lieu de fuir le risque, se ruent-ils sur la dette souveraine française ? En réalité, cette réaction est typique : dans les périodes d’instabilité, l’argent va là où il se sent à l’abri. Et comme la France est encore perçue comme un pays à risque modéré, ses obligations sont plébiscitées. Résultat : leurs rendements baissent. Et mécaniquement, les taux de crédits immobiliers proposés aux ménages emprunteurs suivent la même pente.
Une décision de la BCE qui tombe à point nommé
À cette surprise géopolitique s’ajoute une inflexion monétaire plus attendue. Le 17 avril 2025, la Banque centrale européenne (BCE) abaissait son taux directeur de 0,25 point, pour le ramener à 3,75 %. Officiellement, l’objectif est clair : accompagner le ralentissement de l’inflation dans la zone euro. Mais pour certains observateurs, cette décision a aussi une portée politique implicite : apaiser les tensions économiques et sociales, à la veille de plusieurs échéances électorales et face à une croissance molle. De quoi ravir ceux qui attendent de pouvoir contracter un crédit immobilier.
Cette baisse du taux directeur signifie que les banques commerciales peuvent se refinancer à moindre coût auprès de la BCE. Cela leur donne davantage de marge pour proposer des prêts plus attractifs, notamment dans le secteur immobilier. Selon les données de l’Observatoire Crédit Logement/CSA, le taux moyen pour un prêt immobilier sur vingt ans s’établit désormais à 3,30 %, soit une baisse nette par rapport à son pic de fin 2024.
L’effet Trump sur le crédit immobilier : involontaire mais puissant
Que vient faire Donald Trump dans tout cela ? Plus qu’un simple élément de décor, l’ancien président américain agit comme un catalyseur involontaire. Sa politique commerciale agressive, notamment contre la Chine, génère une onde de choc sur les marchés mondiaux. Face au risque, les investisseurs modifient leurs arbitrages. Les valeurs refuge sont recherchées, les actifs plus volatils délaissés, et le crédit immobilier à nouveau en grâce.
Et pendant que les bourses se contractent, les obligations souveraines européennes sont massivement achetées, ce qui fait baisser leur rendement. Cette dynamique explique, entre autres, la détente rapide observée sur les taux immobiliers en France. Autrement dit : un tweet de Trump peut suffire à alléger, à terme, la mensualité de votre prêt immobilier.
Ce jeu d’interdépendance illustre à quel point la politique intérieure américaine peut produire des effets économiques en Europe – sans aucune concertation, ni volonté déclarée. Et il révèle aussi un paradoxe : un président ultra-protectionniste peut, malgré lui, offrir un ballon d’oxygène à des emprunteurs français.
Un marché français sous influence, mais pas sans marge de manœuvre
En France, cette baisse des taux ne tient pas uniquement aux caprices géopolitiques. Les banques, elles aussi, ont un rôle à jouer. En 2024, le crédit immobilier s'était effondré, atteignant à peine 6,9 milliards d’euros en mars 2024, selon la Banque de France. En novembre, on était remonté à 10,1 milliards, preuve d’une volonté de relancer la machine.
Et la baisse des taux décidée par la BCE ne fait qu’accélérer cette reprise. En janvier 2025, le taux d’intérêt moyen pour les nouveaux prêts à l’habitat était tombé à 3,25 %, selon les statistiques de la Banque de France. Politiquement, cela a aussi un effet bénéfique pour les gouvernements européens. En période de tensions sociales, un accès au crédit plus facile peut calmer les mécontentements.