Hausse de la carte grise : les voitures électriques perdent leur avantage fiscal

Dès le 1er mai 2025, immatriculer une voiture électrique ne sera plus un geste vertueux… mais un acte fiscalement ordinaire. Un changement discret, mais lourd de symboles.

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By Grégoire Hernandez Published on 22 avril 2025 11h11
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Hausse de la carte grise : les voitures électriques perdent leur avantage fiscal - © PolitiqueMatin

Depuis 2020, la voiture électrique bénéficiait d’un traitement fiscal d’exception. Le 1ᵉʳ mai prochain, cet avantage prend brutalement fin.

La carte grise, nouveau terrain d’abandon de la fiscalité verte

À partir du 1ᵉʳ mai 2025, la carte grise des voitures électriques sera soumise au tarif plein dans l’ensemble des régions françaises, à l’exception des Hauts-de-France. Jusqu’ici, ces modèles profitaient d’une exonération quasi-totale qui ramenait le coût du certificat d’immatriculation à 13,76 € en moyenne, selon Les Numériques. Une mesure incitative instaurée en 2020 pour stimuler les ventes de véhicules zéro émission.
Mais cette époque est désormais révolue. Le même document coûtera dorénavant entre 250 € et 750 €, selon le modèle et la région. Exemple parlant : une Tesla Model Y (8 CV fiscaux) coûtera 453,36 € en Île-de-France ou 493,76 € en Normandie. Des hausses dépassant parfois +3 400 %.

Cette bascule s’inscrit dans le cadre du projet de loi de finances 2025, adopté en février dernier avec le 49.3 du Premier ministre François Bayrou. Le texte a donné aux régions la liberté de maintenir ou non l’exonération. Une liberté bien théorique : toutes ont décidé de la supprimer, à l’exception des Hauts-de-France.
La logique est budgétaire. La taxe sur la carte grise représente la troisième source de revenus des régions, derrière la TVA et la TICPE. Yves Carra, porte-parole de Mobilité Club France, déclarait sur BFMTV : « Dans quasiment toutes les régions, le cheval fiscal a augmenté en début d’année et puis maintenant on fait payer les voitures électriques ».

Une mesure parmi d’autres : la fin d’une doctrine pro-électrique ?

La hausse de la carte grise ne tombe pas seule. Depuis janvier 2025, le bonus écologique a été divisé par deux, la prime à la conversion supprimée et le leasing social suspendu !
La justification avancée ? Le gouvernement considère désormais que la transition est suffisamment engagée pour s’affranchir des soutiens directs. Mais cette logique économique a un coût politique : elle rompt avec la promesse d’un soutien constant à la mutation du parc automobile. Et elle affecte directement les classes moyennes, pourtant ciblées par les discours sur la transition équitable.

Derrière cette réforme de la carte grise, on voit très clairement que la fiscalité verte n’est plus sacrée. L’électrique devient un produit fiscalisable, et non plus un levier de politique publique. Un glissement d’autant plus fort qu’il se fait sans annonce majeure, sans débat de fond.
Certains y verront un retour au réalisme budgétaire. D’autres, un abandon masqué des objectifs climatiques. Dans tous les cas, ce choix interpelle : comment convaincre les citoyens de passer à l’électrique, si les signaux publics deviennent aussi ambigus ?

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