Klaus Schwab : après sa démission, le WEF lance une enquête contre son fondateur !

Deux jours après avoir annoncé sa démission, Klaus Schwab, fondateur du Forum économique mondial, fait l’objet d’une enquête interne au sein de sa propre fondation, déclenchée par des accusations émanant d’une lettre anonyme.

Axelle Ker
By Axelle Ker Published on 23 avril 2025 12h30
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Klaus Schwab : après sa démission, le WEF lance une enquête conte son fondateur ! - © PolitiqueMatin

Le 21 avril 2025, Klaus Schwab annonçait son retrait immédiat de toutes ses fonctions au sein du World Economic Forum (WEF), qu’il avait fondé en 1971 et établi à Davos, en Suisse. Deux jours plus tard, l’organisation confirmait l’ouverture d’une enquête interne à son encontre. Détournements de fonds, abus de pouvoir, gestion autoritaire : cette procédure pourrait bien lever le voile sur une personnalité qui n’a pas manqué de faire couler beaucoup d’encre à son sujet.

Une lettre anonyme à l’origine de l’enquête du WEF

Le mardi 22 avril 2025, le Forum économique mondial (WEF) a confirmé l’ouverture d’une enquête interne visant Klaus Schwab, son fondateur, à la suite d’une lettre anonyme transmise au conseil de la fondation, rapporte le Wall Street Journal. En effet, selon les informations de plusieurs médias, dont le Wall Street Journal, dès le dimanche de Pâques, soit un jour avant l’annonce de la démission de Klaus Schwab, le conseil du WEF — fondation à but non lucratif — avait voté à l’unanimité l’ouverture d’une enquête interne visant son fondateur.

Selon cette lettre, Klaus Schwab aurait utilisé des fonds du WEF pour des dépenses personnelles. Son épouse, Hilde Schwab, est également citée, soupçonnée d’avoir organisé des événements fictifs dans ce cadre. Les accusations mentionnent des retraits en espèces, des voyages privés déguisés en déplacements officiels, ainsi que des services de bien-être (massages) réglés sur les fonds de la fondation.

Toujours selon nos confrères, le document accuse le fondateur du WEF d’avoir exercé une gouvernance centralisée, verrouillée, perçue par certains comme autoritaire, voire despotique. Plusieurs témoignages internes, rapportés par Le Temps et Blick, évoquent une organisation où les décisions étaient largement concentrées autour de Klaus Schwab, avec peu de place laissée à la contestation. D’anciens collaborateurs dénoncent une culture managériale marquée par des pressions hiérarchiques récurrentes et une opacité notable dans les processus décisionnels.

La démission de Klaus Schwab  : retrait volontaire ou départ contraint ?

Le lundi 21 avril 2025, dans un communiqué, Klaus Schwab annonçait : « Alors que je commence ma 88ᵉ année, j’ai décidé de quitter le poste de président et de membre du conseil d’administration, avec effet immédiat. » Aucune référence n’était faite aux accusations ni à l’enquête alors en cours de préparation. La simultanéité des événements a cependant rapidement nourri des spéculations sur un départ précipité.

Dans une déclaration transmise par ses représentants, Klaus Schwab conteste formellement les faits reprochés et indique envisager une action en justice contre le ou les auteur(s) de la lettre anonyme. Le WEF, pour sa part, a assuré que l’enquête sera « rigoureuse » et indépendante.

Un demi-siècle d’influence controversée

Fondateur du Forum en 1971, Klaus Schwab a incarné pendant plus de cinquante ans la direction stratégique et symbolique du WEF, installé à Genève. La réunion annuelle organisée à Davos, en Suisse, est devenue un rendez-vous majeur pour les chefs d’État, dirigeants d’entreprise et personnalités du monde académique et économique.

Suite à la montée en puissance de son influence, l’organisation a été la cible de critiques croissantes, accusée de promouvoir une forme de gouvernance mondiale opaque et de servir prioritairement les intérêts des grandes multinationales. La stratégie de communication du WEF, directement associée au livre de Klaus Schwab, le « Great Reset », a renforcé les controverses autour de l’organisation. Depuis 2024, Schwab avait déjà cédé la direction opérationnelle à Børge Brende, ancien ministre norvégien, mais conservait une fonction clé au sein du conseil de fondation.

Suspens sur la succession

Le départ de Klaus Schwab, conjugué à l’ouverture d’une enquête interne, constitue un tournant institutionnel important pour la fondation. La fondation cherche désormais à rassurer ses partenaires et à maintenir sa réputation. Dans un communiqué consulté par Le Temps, le WEF affirme « prendre les accusations très au sérieux » et rappelle l’importance de respecter « la présomption d’innocence ». À la suite de sa démission, un comité a été mis en place pour organiser la succession de Klaus Schwab.

Aucun calendrier officiel n’a encore été communiqué par le Forum économique mondial (WEF). En attendant qu’un successeur soit désigné, Peter Brabeck-Letmathe, ancien président de Nestlé, a été nommé président par intérim.

Axelle Ker

Diplômée en sciences politiques et relations internationales, journaliste chez Économie Matin & Politique Matin.

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