La Confédération générale du travail (CGT) a tiré une nouvelle fois la sonnette d’alarme ce 23 avril. Dans un communiqué publié cinq jours avant la Journée mondiale pour la santé et la sécurité au travail, le syndicat a dénoncé « la dégradation des conditions de travail » et exigé « une réponse à la hauteur ». Un appel à la mobilisation qui s’appuie sur une réalité accablante : 759 personnes sont mortes au travail en France en 2023.
Travail : 759 morts en 2023, la CGT réclame des comptes

Risques professionnels : la CGT face à une hécatombe silencieuse
« Le constat est glaçant » selon le syndicat qui fustige l’inaction des pouvoirs publics face à une situation qu’il qualifie d’« aggravation alarmante ». Le bilan est sans appel : 759 morts liées à une activité professionnelle, 332 décès sur le trajet, 196 dus à des maladies professionnelles et une explosion des troubles musculosquelettiques (+9,5 %) selon le communiqué publié sur le site officiel de la CGT.
En s’appuyant sur des données de l’Assurance Maladie publiées en décembre 2024, CNEWS rappelle que la mortalité liée au travail a progressé de 2,8 % en un an. Une progression brutale, dans un climat déjà tendu par les dernières réformes sociales du gouvernement Bayrou. Le syndicat accuse ce dernier d’avoir favorisé un système où « la sous-déclaration des accidents du travail et maladies professionnelles, dont le montant est estimé entre 2 et 3,8 milliards d’euros, vient plomber le budget des indemnités journalières maladie ».
Santé et sécurité au travail : les failles d’un système en déroute
Pour la CGT, le problème est systémique. La suppression des Comités d’Hygiène, de Sécurité et des Conditions de Travail (CHSCT), la réforme du compte professionnel de prévention (C2P) et l’instauration du Fonds d’investissement pour la prévention de l’usure professionnelle (FIPU) sont autant de mesures qu’elle juge inopérantes. « Ce sont des subventions aux entreprises pour accompagner des transitions sans reconnaissance de la pénibilité », dénonce le communiqué syndical du 23 avril.
Le C2P ? Un « dispositif fantôme » : seuls 5 000 comptes ouverts à ce jour, pour des millions de salariés. Le FIPU ? Un cache-misère d’un milliard d’euros réparti sur quatre ans, dénoncé comme inefficace car purement économique et déconnecté de la réalité du terrain. La CGT réclame avec insistance le retour des CHSCT, l’intégration de la médecine du travail dans la Sécurité sociale et le doublement du nombre d’inspecteurs du travail et de contrôleurs des CARSAT.
CGT : visibilisation des métiers pénibles et lutte contre l’oubli
Le 28 avril, la CGT organisera des rassemblements symboliques devant des hôpitaux à Nantes, Paris, Angers et Le Mans. Ces mobilisations visent à « visibiliser les métiers particulièrement pénibles et accidentogènes », en particulier ceux de la fonction publique active : aides-soignants, égoutiers, infirmiers. Le syndicat rappelle que certains de ces professionnels ont une espérance de vie inférieure de 17 ans à la moyenne nationale.
Avec une ironie amère, la CGT souligne que les réformes actuelles pourraient condamner certains métiers à mourir avant la retraite. « Si cette réforme passe, ils seraient condamnés à ne jamais arriver à la retraite ! », lit-on dans le communiqué du 23 avril 2025. Cette stratégie de « mise en lumière » s’inscrit dans une volonté plus large de briser le silence institutionnel. La CGT pointe sans détour un « silence assourdissant des pouvoirs publics » et une gestion comptable du drame humain. Pour le syndicat, la question n’est plus de savoir si une réponse est nécessaire, mais pourquoi celle-ci tarde autant à arriver.