Lors d’une intervention télévisée le 27 avril, le le secrétaire américain au Trésor, Scott Bessent, a explicitement revendiqué l’usage d’une « incertitude stratégique » dans sa politique de droits de douane. Une approche résolument assumée par l’administration de Donald Trump, qui multiplie les surtaxes dans un contexte de tensions commerciales exacerbées. Loin de se contenter de mesures classiques, la Maison Blanche entend désormais jouer à plein une carte bien plus subtile : celle de l’imprévisibilité économique.
Washington cultive une « incertitude stratégique » sur la question des droits de douane
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Published on 28 avril 2025 15h00
Droits de douane : l’arme de l’« incertitude stratégique » de Donald Trump
Le secrétaire américain au Trésor, Scott Bessent, a ouvertement défendu cette posture lors d'une interview sur la chaîne ABC. « Vous n'allez pas dire à la personne de l'autre côté de la négociation où vous allez finir », a-t-il martelé, justifiant ainsi l'attitude floue adoptée par Washington. Depuis sa réélection en janvier, Donald Trump impose une taxation d'au moins 10 % sur l’essentiel des importations, et n’a pas hésité à surtaxer à hauteur de 145 % la majorité des produits chinois.
Un séisme tarifaire auquel Pékin a répondu par des surtaxes de 125 % sur les exportations américaines, envenimant encore davantage les échanges bilatéraux. Selon Scott Bessent, cette « incertitude stratégique » puiserait ses racines dans la théorie des jeux, où l'indétermination sur ses propres intentions est censée maximiser l'effet de levier face aux adversaires commerciaux. « Personne n'est mieux placé que le président Trump pour créer cet effet de levier », a-t-il ajouté sans détour dans des propos rapportés par BFMTV.
Négociations commerciales sous haute tension : stratégie ou chaos délibéré ?
La Maison Blanche souffle le chaud et le froid. Tandis que Donald Trump affirme, dans un entretien publié par Time Magazine le 25 avril 2025, que des discussions sont engagées avec la Chine pour aboutir à un accord commercial, Pékin dément fermement, assurant ne mener aucune négociation commerciale avec les États-Unis..
Là encore, la stratégie du brouillard est pleinement assumée. Scott Bessent a sobrement éludé toute question précise sur l'état des pourparlers, se bornant à indiquer que certaines discussions « avançaient très bien, en particulier avec les pays asiatiques », dans des propos rapportés par 20 Minutes. Washington concentre actuellement ses efforts sur des pays considérés comme alliés stratégiques : Japon, Corée du Sud et Suisse. Autant de fronts parallèles qui permettent de maintenir la pression sur Pékin tout en évitant de s'isoler diplomatiquement.
Droits de douane : l’effet boomerang d’une politique tarifaire imprévisible
Mais à force de jouer les trouble-fêtes du commerce mondial, les États-Unis ne risquent-ils pas de se tirer une balle dans le pied ? Les droits de douane pèsent déjà lourdement sur les chaînes d’approvisionnement et le prix final payé par les consommateurs américains. Le gouverneur de la Banque de France, dans un entretien relayé par BFMTV le 28 avril 2025, n’a pas manqué d’égratigner la méthode Trump : « Les politiques de Trump ne marchent pas : le monde se tourne maintenant vers l'Europe ».
Face à la multiplication des surtaxes, les produits asiatiques moins chers pourraient inonder le marché européen, selon l’enseigne française Leclerc qui anticipe une véritable « invasion » dans les prochains mois. Dans un contexte économique déjà fragilisé par l’instabilité géopolitique, la stratégie américaine pourrait donc, à terme, accentuer le recentrage des flux commerciaux vers d’autres zones économiques, laissant Washington face à ses propres contradictions.
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