Nos confrères de France 2 ont réalisé un reportage qui a fait beaucoup de bruit : une immersion dans certains cafés de Sevran (Seine-Saint-Denis) et dans la banlieue lyonnaise qui met en lumière le comportement pour le moins répréhensible des hommes à l’égard des femmes.
Alors que Manuel Valls affirmait en octobre dernier qu'il n'y avait pas de zones de non-droit en France, on peut affirmer désormais qu’il existe, sur notre territoire, des quartiers où les valeurs de la République ont laissé la place à des coutumes venues d’ailleurs. Le 7 décembre, dans le JT de France 2, était diffusé un reportage sur la manière dont les femmes étaient exclues de certains lieux de vie comme les bars ou les terrasses de café. Et comment les femmes, dans certains quartiers, étaient obligées de renoncer à se maquiller et à porter des jupes pour ne pas subir de réflexions de la part des hommes.
« Dans ce café y’a pas de mixité on est à Sevran, on est pas à Paris, t’es dans le 93 ici, c’est des mentalités différentes, c’est comme au bled », lance un homme à deux femmes de l’association La Brigade des mères, qui ont accepté de filmer la scène en caméra cachée. Et alors que les deux femmes s’expriment devant les caméras de France 2 une voiture s’approche, s’arrête et repart doucement en signe d’avertissement. Une intimidation qui pousse les deux femmes à mettre un terme à l’interview.
Une vidéo qui choque au sommet de l’Etat
La vidéo du reportage a fait le buzz sur Internet. Vendredi 9 novembre sur RTL, la secrétaire d’État au Numérique, Axelle Lemaire, a fait référence à l’article 14 de la Convention européenne des droits de l’homme qui prévoit que « la jouissance des droits et libertés doit être assurée sans distinction aucune fondée notamment sur le sexe », pour dénoncer ces « pratiques intolérables ».
Et d’ajouter : « Il faut croire que ça existe en France puisque la preuve en a été apportée. Je ne pense pas qu’il y ait un déni. Ce qui est très important, c’est de rappeler à tous le contenu de la loi. Le problème, c’est qu’on ne voit pas cela en terme de discrimination mais tout de suite de religion et de laïcité. En l’occurrence, c’est une discrimination à l’égard des femmes. Il faut réaffirmer l’application des textes de loi dans notre pays : l’interdiction de discriminer les femmes. »
En janvier, Pascale Boistard, secrétaire d'État chargée des Droits des femmes, avait lancé dans Marianne : « Il y a sur notre territoire des zones où les femmes ne sont pas acceptées, où elles ne sont pas respectées, et où elles sont quasiment obligées de vivre avec cette donnée comme un désagrément du quotidien. Et tout le monde semble trouver cela plus ou moins normal. » On attend une réponse ferme du nouveau Premier ministre. Sera-t-il à la hauteur de sa tâche ou se dérobera-t-il par crainte de stigmatiser une partie de nos compatriotes ?