François Fillon a remporté haut la main le premier tour de la primaire de la droite et du centre. Une victoire en grande partie due à sa stature présidentielle, son calme et sa constance. Mais les Français ont-ils lu son programme ?
Au lendemain de la victoire de François Fillon, les adversaires de l’ancien Premier ministre ont mis en lumière les points de son programme qui risquent de faire le moins consensus : repasser à la semaine à 39 heures, augmenter l’âge de la retraite à 65 ans, supprimer 500 000 postes de fonctionnaires ou encore réduire les dépenses de l’Etat de 100 milliards d’euros. Un programme de rigueur qui n’est clairement pas populaire.
Les Français seront-ils prêts à faire des sacrifices s’ils estiment que c’est nécessaire pour remettre le pays sur pieds ? C’est là toute la question. François Fillon n’a jamais cherché à renoncer à son programme pout faire plaisir aux Français et gagner des voix. Il l’a dit à de nombreuses reprises : soit vous acceptez mon programme et vous votez pour moi, soit vous vous trouvez un autre candidat. Cela veut dire que s’il est élu, François Fillon partira du principe que les Français acceptent ses mesures les plus dures et il passera à l’action, certainement par ordonnances pour éviter tout blocage parlementaire.
François Fillon apparaît comme le « Thatcher » français
Depuis l’étranger, François Fillon apparaît comme le « Thatcher » français. « Le nouveau favori de l’élection présidentielle propose aux électeurs un programme économique révolutionnaire inspiré de Margaret Thatcher », estime l’agence de presse économique Bloomberg. « Les millions d’électeurs qui n’arrivent pas à joindre les deux bouts n’auront peut-être pas envie d’entendre le message de la rigueur économique et de l’affaiblissement de l’Etat providence », analyse de son côté le New York Times.
Et cette analyse est en effet intéressante à poser. Les Français auront-ils le courage de voter pour un programme instaurant une forme de rigueur ? Une politique qui fera descendre des centaines de personnes dans la rue et qui pourra bloquer le pays plus violemment encore qu’à l’occasion de la contestation de la loi Travail. Les Français aiment l’image de François Fillon, mais rien n’indique qu’ils ne reculent pas face à sa politique. Le changement oui, mais en douceur...