On dit de François Hollande que c’est un fin connaisseur de la vie politique française. Il faut croire que cette année, il a manqué cruellement d’intuition.
Après le Brexit qu’aucun commentateur n’avait vu venir, l’élection de Donald Trump a été la grande surprise de ces dernières semaines. L’élection d’Hillary Clinton semblait acquise jusqu’aux plus hautes sphères de l’Etat. Selon certaines indiscrétions, nous apprenions au lendemain de l’élection du candidat démocrate que l’Elysée n’avait écrit qu’une lettre de félicitations à l’adresse de la candidate démocrate.
La victoire de Trump n’avait pas été envisagée par François Hollande comme celle de François Fillon, au premier tour de la primaire de la droite et du centre. Dans les discussions que le chef de l’Etat a eu avec les journalistes Gérard Davet et Fabrice Lhomme qui ont été retranscrites dans le livre Un Président ne devrait pas dire ça… (éd. Stock), François Hollande écarte toute victoire potentielle de François Fillon, comme le rappelle la journaliste Ariane Chemin.
« Fillon n’a aucune chance »
« En fait, il n’y en aura que deux, Juppé et Sarkozy », présageait François Hollande. « Le Maire n’est là que pour être un troisième larron. Le Maire, c’est Montebourg, il se vendra le moment venu. Plus à mon avis à Juppé qu’à Sarkozy. »
Et d’ajouter : « Fillon n’a aucune chance. Non pas parce qu’il n’a pas de qualités, il en a sans doute ; ni un mauvais programme, il a le programme le plus explicite ; non pas parce qu’il n’a pas de densité personnelle… Mais son rôle est tenu par Juppé. C’est-à-dire, pourquoi voter Fillon alors qu’il y a Juppé ? Il n’y aurait pas Juppé, je dirais, oui, sans doute que Fillon est le mieux placé pour disputer à Sarkozy l’investiture. Mais il se trouve qu’il y a Juppé. »
Une analyse si éloignée de la réalité laisse songeur et met en lumière le décalage de plus en plus palpable entre les électeurs, les Français, et cette caste politico-médiatique qui pensait que l’histoire était écrite à l’avance. Peut-être que nos élites politiques et les patrons de presse ont pu par leurs prédictions influencer le vote des citoyens pendant de nombreuses années. Il semblerait que ce temps soit révolu.