A la surprise générale, des centaines d'agents de police ont manifesté spontanément sur les Champs-Élysées, dans la nuit de lundi 17 à mardi 18 octobre. Le malaise est profond. Le gouvernement cherche l’apaisement.
Colère après l’attaque à Viry-Châtillon
Voitures de polices, gyrophares allumés et sirènes hurlantes, sur les Champs-Élysées. La manifestation des agents en début de semaine a fait grand bruit. Symbole de l’immense malaise qui existe au sein de la police depuis les différentes attaques dont elle a été la cible et notamment la dernière, particulièrement violente, à l'entrée du quartier de la Grande Borne, à Viry-Châtillon, dans l’Essonne, le 8 octobre dernier. Une attaque à coup de cocktails Molotov qui a conduit deux agents dans un état grave à l’hôpital.
Le ministère de l’Intérieur est en cause. La déclaration du ministre Bernard Cazeneuve, à la suite de cette attaque, qualifiant les malfaiteurs de « sauvageons » n’est pas passée. De son côté le préfet de police de Paris, Michel Cadot a tenté de calmer le jeu : « L'organisation de rassemblements, durant le temps de service et avec des matériels administratifs, ayant pour objectif d'attirer sur des revendications ne serait pas acceptable ». Une nouvelle déclaration très mal reçue par les agents qui lui reprochent son manque de soutien et de cohésion.
Réponse du gouvernement
Pour éviter que la situation ne dégénère, les syndicats de gardiens de la paix, Alliance et l'Unsa-Police, ont demandé mercredi 19 octobre à être reçus « en urgence » par les ministres de l'Intérieur et de la Justice, Bernard Cazeneuve et Jean-Jacques Urvoas. Une demande immédiatement acceptée, ce qui marque bien la panique qu’une telle manifestation a semé au sein du gouvernement.
Et la rencontre n’aura pas été inutile. « J'ai demandé à tous les préfets, en lien avec les directeurs départementaux de la sécurité publique, de mener dans chaque département une concertation approfondie avec les personnels de la police nationale et leurs représentants syndicaux », a fait savoir Bernard Cazeneuve, suite à cette entrevue. Les conclusions de ces consultations seront remises « en décembre pour mise en œuvre immédiate dès 2017 », a ajouté le ministre.
Certains, à gauche, dénoncent la « patte du FN » dans les manifestations de policiers, à l’instar de Jean-Christophe Cambadélis. Mais ils auraient tord de vouloir minimiser la colère des forces de l’ordre. Elle trop grave pour pouvoir être prise à la légère.