Selon une enquête électorale réalisée en septembre par le Cevipof sur un échantillon de plus de 18 000 personnes, 10 % des électeurs de la primaire de la droite et du centre viendront de la gauche. Une manière pour eux de faire barrage à Nicolas Sarkozy ou au contraire de faire en sorte qu’il remporte la bataille ?
Alain Juppé se fera-t-il élire avec les voix de la gauche
Lundi 3 octobre, dans Libération, Jean-Pierre Raffarin invitait le plus grand nombre d’électeurs à se déplacer pour la primaire de la droite qui aura lieu fin novembre. Pour lui, l’élection présidentielle se jouera à l’occasion de cette primaire, il est donc intéressant que chaque Français donne son avis. « Il faut bien reconnaître que la probabilité que la gauche ne soit pas au second tour est très forte », explique-t-il. « De sorte que les électeurs de la primaire se retrouveront peut-être face à ce choix : voulez-vous Sarkozy-Le Pen ou Juppé-Le Pen au second tour de la présidentielle ? Beaucoup de personnes, on peut le comprendre, peuvent vouloir participer à cette décision. »
Une stratégie que Nicolas Sarkozy a bien comprise lui qui répète à qui veut l’entendre que cette primaire ne doit pas être prise en otage par ces calculs politiciens. « Je ne laisserai personne vous voler cette primaire, celle du peuple de la droite républicaine et du centre », a-t-il lancé devant ses soutiens. « Quand on cherche à se faire élire avec les voix de la gauche, on prépare une politique qui donnera des gages à la gauche. Quand on fait de l’ambiguïté une stratégie électorale, on prépare une politique ambigüe. Quand on représente le juste milieu, on prépare les petits arrangements. »
Quels seront ces électeurs de gauche qui accepteront de voter ?
Au-delà du positionnement pour le moins surprenant de la part d’un homme qui n’a pas hésité à faire entrer dans le premier gouvernement de son quinquennat des hommes de gauche, il est intéressant de s’interroger sur la manière dont cette primaire va se dérouler.
Pourra voter tout électeur inscrit au 31 décembre 2015 qui versera 2 € par tour de scrutin de participation aux frais d’organisation et qui s'engagera sur l’honneur en signant la phrase suivante : « Je partage les valeurs républicaines de la droite et du centre et je m’engage pour l’alternance afin de réussir le redressement de la France. »
Alors certes le vote sera ouvert à tous, mais il faudrait être sacrément déterminé pour accepter de payer 2 € et de signer une charte qui certifie sur l’honneur qu’on est de droite alors qu’on est de gauche. Et pour quelle stratégie ? Certains souhaitent voter pour Alain Juppé pour faire barrage à Nicolas Sarkozy. D’autres encouragent un vote pour Nicolas Sarkozy. Ce serait ainsi la dernière chance pour la gauche d’espérer atteindre le 2nd tour. « Vous savez, nous on brûle des cierges pour que ce soit Sarkozy ! » a confié Olivier Faure, député de Seine-et-Marne et porte-parole du PS, à nos confrères de Marianne. En somme, rien n’est joué !