L'état d'urgence, décrété après les attentats du 13 novembre, ne devait pas être prolongé au-delà du 26 juillet. C4est en tout cas ce qu’annonçait François Hollande jeudi 14 juillet. Le soir même, plus de 80 personnes trouvaient la mort dans un attentat d’une rare violence à Nice.
« L'état d'urgence ne règle rien »
Le président de la République, François Hollande, a annoncé vendredi 15 juillet, la prolongation de trois mois de l'état d'urgence, après l'attentat terrroriste de Nice. « J'ai décidé que l'état d'urgence, qui devait prendre fin le 26 juillet, sera prolongé de trois mois », a-t-il fait savoir. « Un projet de loi sera soumis au Parlement d'ici la semaine prochaine ». Mais si cet attentat a été possible avec l’état d’urgence, à quoi va-t-il servir dans les semaines à venir ?
« Cet état d'urgence, j'ai considéré qu'il fallait le prolonger jusqu'au moment où nous puissions être sûrs que la loi pouvait nous donner des moyens nous permettant de prévenir la menace terroriste avec efficacité », déclarait le chef de l’Etat, jeudi 14 juillet. Mais justement la menace terroriste n’a pas pu être prévenue. Il n’est donc pas absurde de s’interroger sur l’utilité d’un tel dispositif. « L'état d'urgence ne règle rien », a fait savoir le député LR Georges Fenech, président de la commission d'enquête parlementaire sur les attentats de 2015. « Ca rassure, c'est tout. La force Sentinelle ne règle rien non plus ».
L’état d’urgence ne permet pas d’empêcher les attentats
A gauche aussi, certaines voix se sont fait entendre pour dénoncer un dispositif qui n’a pas fait ses preuves. « Hélas, on constate que l'état d'urgence ne permet pas d'empêcher le drame qu'on a vécu hier », a estimé le secrétaire national d'EELV, David Cormand. « L'état d'urgence, c'est vraiment fait pour gérer l'urgence », a renchéri la Ligue des droits de l'Homme. « Ce n'est pas un régime fait pour s'installer sur du moyen terme ».
Si, selon le ministère de l’Intérieur, entre novembre 2015 et avril 2016, l’état d’urgence a permis de mener 3500 perquisitions débouchant sur plus de 400 interpellations, on peut légitimement se montrer dubitatif.
« Compte tenu de la nouvelle nature du terrorisme, qui est maintenant un terrorisme d’opportunité, c’est-à-dire sans structure hiérarchique, l’urgence est de s’attaquer à l’idéologie sur lequel se fonde ce terrorisme », a fait savoir la présidente du FN au figaro.fr. « Et dans ce domaine-là, rien n’a été fait, absolument rien : ni rétablissement de la double peine, ni déchéance de la nationalité, ni fermeture des mosquées salafistes, ni dissolution de l’UOIF, ni interdictions de certaines organisations. En vérité, nous ne sommes pas en guerre. Pour l’instant, nous sommes en guerre des mots. C’est de la communication. Le deuil national finira comme l’Etat d’urgence en deuil national permanent. »