A l’étranger, notamment en Europe, notre élection présidentielle a été très suivie. Et en ce lundi 24 avril 2017, la presse étrangère livre son analyse du big bang qui s’est produit hier soir.
Une République ébranlée
Pour rappel, Emmanuel Macron, leader du mouvement En Marche !, et Marine Le Pen, candidate de l'extrême droite, sont arrivés en tête du premier tour des présidentielles en France, avec respectivement 23,75 % et 21, 53 % des voix. Ils ont envoyé au tapis notamment François Fillon (19,91 %) et Jean-Luc Mélenchon (16,64 %). Selon les sondages, Macron s'imposerait nettement le 7 mai, sur un score de 64 %.
Pour le quotidien autrichien Der Standard, “la Ve république est ébranlée jusque dans ses fondements. Car Macron et Le Pen ont quelque chose en commun : tous deux se tiennent en dehors des deux familles politiques qui, depuis soixante ans, façonnaient la vie politique française. Les conservateurs et les socialistes sont à terre. Les gagnants du premier tour se sont tous deux imposés par K.O".
Il faut savoir qu'en Autriche aussi, les deux grands partis qui gouvernent depuis 1945 (les sociaux-démocrates du SPD et les conservateurs de l'ÖVP) ont été éliminés dès le premier tour de l'élection présidentielle en décembre dernier, au profit d'un indépendant tendance écologiste, Alexander Van der Bellen, et du candidat de l'extrême-droite (FPÖ), Norbert Hofer. C'est finalement Van der Bellen qui l'a emporté, de justesse.
Entre soulagement et inquiétude
Comme l’explique Eurotopics, la revue de presse européenne, si la plupart des éditorialistes étrangers font part de leur soulagement de voir le parti d’extrême-droite eurosceptique un peu moins haut qu’attendu, d'autres estiment qu'une victoire de Macron n'est pas assurée et soulignent les défis auxquels il sera confronté.
Le quotidien slovène Delo, qui dit avoir « comme une impression de déjà-vu après le premier tour du scrutin » lorsqu'en 2002, Jean-Marie Le Pen s'était qualifié pour le second tour face à Jacques Chirac, dit espérer « que l'issue finale sera la même - que les électeurs ne voteront pas pour Le Pen ».
Malgré tout, pour le journal suisse Neue Zürcher Zeitung, une défaite de Marine Le Pen au second tour n’est pas assurée et il convient donc de rester le plus vigilant possible. « L’ultranationaliste Marine Le Pen est désormais aux portes de l'Elysée ». Sa victoire « est de l'ordre du possible - dans l'hypothèse où un certain nombre de citoyens déçus décident de voter pour elle et où un certain nombre d'électeurs de gauche s'abstiennent. S'il veut obtenir une victoire convaincante, Macron devra affûter son profil. Etre modéré, cela ne fait pas tout ».
Un président faible ?
Le journal tchèque Lidové noviny avertit quant à lui que, quand bien même Emanuel Macron gagnerait le 7 mai haut la main, le succès de sa présidence ne sera pas assuré. Ainsi si aux élections législatives qui suivront, il ne parvient pas à créer de majorité, alors il « aura la position d’un président faible qui n’aura de véritable influence que sur la diplomatie et la défense. Ce serait une mauvaise nouvelle pour l’Europe. Presque aussi mauvaise que si Le Pen avait gagné les élections ».
Or si son quinquennat s’avère être un échec, cela risque de favoriser, une fois de plus, le Front National. « Si la politique habituelle devait se poursuivre, ils (les extrémistes) reviendront en force lors des prochaines élections, avec un soutien accru susceptible de leur assurer la victoire. Macron devra donc relever un défi colossal : saisir cette ultime opportunité de réformer la France et dissiper la grande désillusion que les Français éprouvent vis-à-vis de leurs dirigeants politiques » écrit ainsi The Daily Telegraph britannique.
A coup sûr, le deuxième tour dans deux semaines sera à nouveau très suivi par nos voisins.