Le pôle de transport multimodal situé à proximité du jardin des Plantes prévoit depuis 2014 de se transformer, afin de mieux répondre aux enjeux de la ville durable. Problème, une récente alliance contre nature des écologistes avec la droite parisienne tente de freiner la modernisation de la gare d’Austerlitz. Le projet porté par la Société d'Économie Mixte d'Aménagement de Paris (SEMAPA) et la SNCF doit pourtant non seulement encourager une mobilité plus durable dans la capitale, mais aussi permettre la dépollution des eaux de la Seine et offrir des nouvelles solutions de logement. Un comportement de la fédération parisienne d’EELV qui n’a pas manqué de provoquer la réaction du maire PCF du 13ème arrondissement, Jérôme Coumet, favorable au projet.
En conseil municipal de Paris le 15 avril dernier, les élus EELV parisiens ont adressé une série de « vœux » à la mairie de Paris pour s’opposer au projet de réhabilitation de la gare d’Austerlitz. Un positionnement qui les a notamment rapprochés de l’opposition municipale, les élus « les Républicains » et « La République en marche » étant également opposés au projet.
L’opposition soudaine des Verts parisiens et de la mairie LR et LREM du 5ème arrondissement
Tout comme la SNCF, la SEMAPA, qui porte le projet de réaménagement autour de la gare d’Austerlitz, est une société d’économie mixte mais dispose d’un actionnariat exclusivement public : la Ville de Paris à hauteur de 92% et la Région Ile-de-France à 8%. Pourtant, plusieurs élus du conseil parisien se sont entendus lors de la séance du 15 avril 2021 pour afficher leur désaccord sur la conduite des opérations. Les démarches coordonnées d’EELV, de LR et de la LREM, ont mêmes obtenu la bénédiction de Danielle Simonnet (FI), pourfendeuse de « l’urbanisme capitaliste » !
Des postures autant caricaturales que non contraignantes pour le premier adjoint de la Ville, Emmanuel Grégoire, qui ne manque pas de rappeler que par le passé, « Europe Écologie a voté favorablement la programmation ». De plus, pour l’élu, les critiques sur la transformation paysagère de la capitale ne doivent pas occulter les ambitions premières de cette initiative. À savoir, l’objectif d’une part d’obtenir une capacité voyageur triplée, tout en favorisant le transit des travailleurs de banlieues et en préparant l’essor des mobilités douces dans le quartier. Mais aussi, comme le souligne le maire PCF du 13ème arrondissement Jérôme Coumet dans les colonnes d’Actu Paris , la volonté de contribuer à la « dépollution de l’eau de la Seine, grâce à la création d’un immense réservoir à eaux pluviales sur le site ».
Malgré ces arguments, le Collectif Austerlitz évoque toujours sa crainte de voir apparaître un îlot de chaleur le long de la Seine… Derrière cette structure, plusieurs ONG comme Greenpeace, Extinction Rebellion ou France Nature Environnement, se targuent notamment de reprendre les conclusions de l’Autorité Environnementale. Toutefois, à la lecture du document publié en décembre 2019, l’avis des experts semble plus nuancé. Si ces derniers demandaient effectivement à ce que la description des travaux soit complétée, ils indiquaient également que : « les conclusions sur l'absence d'incidences du projet quant à l'état de conservation des habitats et des espèces ayant justifié la désignation, au titre de Natura 2000, des sites situés à proximité du projet n'appellent pas d'observation de l'AE ».
Logements sociaux, services publics : la ville durable se dessine dans une perspective sociale
Pour mener à bien sa mission, la SEMAPA, aménageur du quartier Paris Rive Gauche, pourra aussi compter sur la pleine mobilisation des services de la SNCF, ainsi que sur celle des Ateliers Jean Nouvel. Ce chantier ambitieux, sobrement intitulé « Paris Austerlitz 2025 », cherche donc à concilier respect de la nature et préservation des monuments historiques, mais il a surtout été conçu afin de répondre aux attentes futures de l’ensemble des parties-prenantes : voyageurs, cheminots, riverains… D’après le PDG de la SNCF, Jean-Pierre Farandou, une fois les travaux terminés, le site d’Austerlitz sera sûrement une des plus belles gares d’Île-de-France.
Jérôme Coumet rappelle également que le projet de rénovation de la gare d’Austerlitz comprend la construction de logements sociaux. 115 au total, dont 80 étudiants, auxquels s’ajoutent 107 logements intermédiaires. Il ajoute en outre que le groupe « Communiste et Citoyen » s’était positionné favorablement au projet lors des Conseils de Paris de 2011, 2018 et 2019 : « ces votes nous engagent », précise-t-il. En effet, le projet de rénovation de la gare d’Austerlitz a suivi un processus de validation démocratique qui a impliqué, au-delà des votes en Conseil de Paris, les parties prenantes sur le terrain. Ainsi, les consultations ont été conduites avec la participation des conseils de quartiers, de la Commission départementale des commerces, ou encore des ateliers d’architecture ouverts aux associations. L’implication de nombreuses organisations parapubliques, telles que l’AFD ou l’AP-HP, en faveur de la réalisation des engagements décidés sur la Zone d’Aménagement Concertée (ZAC) Paris Rive Gauche, peut également être évoquée.
La fracture créée par EELV au sein de la majorité municipale semble donc être une nouvelle manifestation des divergences dans l’agenda politique poursuivi par le PS et le PCF. Avec le projet de rénovation de la gare d’Austerlitz, le PS et le PCF soutiennent un projet social pour les habitants du quartier, et bénéfique pour les services publics. En effet, les nouveaux bureaux aménagés accueilleront les salariés de l’AFD, mais également de la SNCF et de la RATP. Un volet social qui n’empêche pas le projet d’afficher de fortes ambitions environnementales, avec par exemple le triplement de surface du jardin public Marie Curie, au lieu de l’espace minéral existant.