Prévue se tenir en mars 2022, l’élection présidentielle au Mali sera peut-être la plus indécise que le pays n’ait jamais connu. Les trois grands partis (RPM, URD et Adema-PASJ) sont en mauvaise posture, tandis que de nouveaux leaders politiques montent en puissance. Parmi eux figure Aliou Boubacar Diallo, que certains sondages placent dans la peau de favori.
La prochaine élection présidentielle au Mali devrait se tenir le 27 février 2022 pour le premier tour et le 13 mars pour le second. C’est en tout cas l’annonce faite, le jeudi 15 mars 2022, par Mohamed Salia Touré, ministre de l’Emploi et de la Formation professionnelle, par ailleurs porte-parole du gouvernement, et le lieutenant-colonel Abdoulaye Maïga, ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation. Sauf bravade vis-à-vis de la communauté internationale, aucun militaire ne devrait se présenter à ce scrutin. On s’attend donc à une élection entre des civils uniquement pour l’instauration d’une nouvelle ère démocratique au Mali. La logique voudrait que les trois grands partis du pays se disputent le palais de Koulouba. Mais le paysage politique s’est complètement recomposé depuis la révolte populaire qui a provoqué la chute d’Ibrahim Boubacar Keita en août 2020.
Une soif de renouveau dans le pays
Le Rassemblement pour le Mali (RPM) ne se remet toujours pas du départ d’IBK du pouvoir. Il cherche actuellement un hypothétique nouveau souffle pour partir à la conquête des Maliens. Il y a ensuite l’Union pour la république et la démocratie (URD), orpheline de Soumaïla Cissé, l’opposant historique décédé le 25 décembre dernier. Quant au troisième parti, l’Alliance pour la démocratie au Mali-Parti africain pour la solidarité et la justice (Adema-PASJ), il est en quête de leader capable de rassembler ses militants. Le fait est que les Maliens sont désabusés par la vieille garde politique incarnée par ces trois formations historiques. Ils réclament de nouvelles têtes afin de refonder leur nation. Mais à qui pensent-ils pour relever ce défi ?
Aliou Diallo favori de la présidentielle
D’après la dernière enquête du cabinet Statix, publié en mars 2021, Aliou Boubacar Diallo serait perçu comme le meilleur profil parmi la trentaine de potentiels candidats. L’homme d’affaires est crédité de 27% des intentions de vote au premier tour. Il devance les anciens Premiers ministres Moussa Mara (17%), Soumeylou Boubèye Maïga (9%), Modibo Sidibé (8%) et Cheick Modibo Diarra (8%), et l’ex ministre des sports Housseini Amion Guindo (5%). Dans un précédent sondage, réalisé en novembre 2020, Aliou Diallo était deuxième avec 25,5% des intentions de vote, juste derrière Soumaïla Cissé (26%). Cette percée du président d’ADP-Maliba dans l’opinion nationale, quelque fulgurante qu’elle soit, n’est pas totalement une surprise. Il avait déjà fini troisième de la présidentielle de 2018, devancé par Ibrahim Boubacar Keita et Soumaïla Cissé.
De la proximité et des propositions concrètes
Si Aliou Diallo se positionne comme l’homme de la situation, c’est surement parce qu’il a toujours incarné le consensus au Mali. Depuis son entrée en politique en 2012, le milliardaire malien ne cesse de prôner le rassemblement et le dialogue. D’où la participation de son parti au Dialogue national inclusif (DNI) et ses nombreuses propositions en faveur d’une sortie de crise dans son pays. L’ex député de Kayes doit sans doute également sa montée en puissance à sa politique de proximité. Celle-ci est incarnée par sa fondation Maliba qui œuvre depuis 1992 en faveur de l’amélioration des conditions de vie des populations.
L’institution réhabilite notamment des écoles, construit des forages d’eau, réalise le pavage des rues ou encore forme les femmes à la création d’activités génératrices de revenus. Aliou Diallo aurait en outre eu le mérite de proposer un plan Marshall pour le Mali. Potentiellement doté de 15.000 milliards de FCFA, ce programme ambitieux vise le développement harmonieux des régions par la construction d’infrastructures (ponts, chemin de fer, routes, etc.) et la création de dizaines de milliers d’entreprises. Il espère ainsi mettre fin au chômage des jeunes et à l’immigration clandestine.