La directive européenne fixant le statut des travailleurs détachés date de 1996. Ce régime permet aux entreprises de l’Union Européenne d’employer de la main d’oeuvre d’un autre pays membre, en payant les charges sociales du pays d’origine du travailleur.
En théorie, le travail détaché devait « répondre à un besoin spécialisé et temporaire dans un domaine précis. »
Le travail détaché, plus du tout marginal
Plus de vingt ans après, on constate que le phénomène, marginal pendant quelques années, s’est fortement accentué,principalement à partir du début des années 2010, et qu’il concerne en grande partie des secteurs avec des emplois moins qualifiés (en premier lieu, les travailleurs du BTP) produisant une forme de dumping social, en Allemagne et en France particulièrement.
Rappelons-le, notre pays est champion du monde des prélèvements obligatoires comme le rappelle année après année le baromètre de l’OCDE ! Avec une Europe élargie à 27, la différence des régimes sociaux est significative, laissant sur le bord de la route des demandeurs d’emplois français au profit d’employés étrangers à bas coût (Polonais, Roumains et Bulgares entre autres). L’avantage financier pour les entreprises y ayant recours pouvant être extrêmement important. Rappelons qu’un salarié bulgare touche en moyenne 184 euros par mois… Même en le payant au tarif français, conformément à la directive, les charges que l’entreprise acquittera en Bulgarie sont sans commune mesure avec ce qu’elles seraient en France !
A cela s’ajoute l’empreinte écologique que génère le déplacement des travailleurs détachés, qui sillonnent l’Europe en bus, dans des conditions souvent pénibles.
Comment ne pas comprendre que ce genre de directive attise la colère des Français, et favorise le rejet de l’Union Européenne telle qu’elle s’impose à nous ? Il s’agit ni plus ni moins d’une concurrence déloyale à l’emploi sur notre propre sol, ces travailleurs détachés coûtant évidemment moins cher à ceux qui les emploient. En prime, ils déséquilibrent notre système de protection sociale, puisque ces travailleurs détachés sur notre sol n’y contribuent pas financièrement.
Cette directive, tant décriée, a subi une « réformette » en 2018 qui ne règle rien. Certes, elle garantit un traitement de salaire égal entre les salariés français et les travailleurs détachés. Elle garantit un traitement égal pour les horaires de travail, les temps de pauses ou les obligations de sécurité (prise en compte des conventions collectives)…mais elle ne revient en rien sur le fond du problème, c’est à dire le paiement des charges sociales du pays d’origine.
En finir avec cette directive ultra-libérale
Les députés européens qui seront élus le 26 mai prochain devront peser de tout leur poids pour en finir avec cette directive ultra-libérale qui handicape lourdement nos demandeurs d’emploi, et pèse in fine sur le contribuable français, en déstabilisant le financement de la Sécurité Sociale, qui représente un tiers de la dépense publique.
Porter une politique conservatrice de notre économie, c’est chercher à préserver nos emplois, notre industrie, aider à la réinsertion des personnes au chômage, faire sortir de la précarité un maximum de Français par le travail, et cesser d’accepter des mesures qui tirent notre pays vers le bas !
Plutôt que d’importer une main d’oeuvre à bas coût, il suffirait de baisser le coût du travail sur notre propre sol… mesure qui serait envisageable à condition d’envisager une véritable réforme de la dépense publique.
Le projet porté par François-Xavier Bellamy et la liste des Républicains, que Sens Commun soutient activement, prévoit de revenir sur cette directive (mesure no 50 des 75 propositions).
Alors, au risque de déplaire aux chantres du mondialisme, à ceux qui veulent en finir avec le principe des nations, nous assumons, pour le bien de notre pays, d’exiger la fin de cette directive et d’exercer la préférence nationale en matière d’emploi. Faire venir de la main d’oeuvre étrangère doit coûter plus cher que d’embaucher en France pour un même emploi. Ni europhobe, ni eurobéat, il faut être responsable, dans un pays qui compte six millions de chômeurs (toutes catégories confondues), et dix millions de pauvres. C’est en reprenant des mesures de bon sens que nous pourrons peut-être désamorcer les tensions sociales qui menacent gravement notre pays.