La question des liens entre facultés de médecine et industrie pharmaceutique, et les éventuels conflits d’intérêts entre institutions formant les futures générations de docteurs et entreprises cherchant à vendre leurs produits, est aussi vieille que la médecine. Pour la première fois, une association a démontré la porosité entre ces deux univers.
C’est une enquête du Formindep, une association de professionnels de la santé préconisant « des informations fiables issues de la démarche scientifique dont les règles ont pour objet de limiter les risques d’informations biaisées » qui fait grand bruit dans le landerneau médical. Pour la première fois, une étude démontre l’absence de transparence des universités françaises quant à leurs rapports avec les grands laboratoires pharmaceutiques.
Le Formindep a évalué les 37 facultés de médecine de l’hexagone pour déterminer leur niveau d’indépendance et leur politique de gestion des conflits d’intérêts. Les résultats sont alarmants. La moyenne nationale des facs de médecine dans ces deux domaines est de 4/20. Une seule université (Tours) a reçu une note atteignant la moyenne.
Selon le Formindep, si 23 facultés ont adopté une charte éthique (comme préconisé par l’organisation), seules sept d’entre elles l’ont fait signer et l’ont partagé à l’ensemble des membres de la faculté. Une charte éthique qui reste donc très confidentielle et peu à même de faire bouger les lignes.
D’autres chiffres sont tout aussi préoccupants. Seules 4 facultés ont créé des commissions de déontologie et deux seulement ont produit des rapports intégraux sur les travaux de la commission. Une seule faculté (Nice) a fait effectuer des déclarations publiques d’intérêt des instances de gouvernances et des commissions et deux seulement à la demande de leurs enseignants (Lyon est et Nice).
Et même pour les rares universités qui ont fait mine de jouer le jeu, aucune d’entre elles n’a assorti ces chartes éthiques et ces déclarations publiques d’intérêt de sanctions ou de rappels à l’ordre si elles ne sont pas respectées.
L’enquête de Formindep révèle également plusieurs exemples qui posent questions sur les rapports qu’entretiennent certaines universités avec les laboratoires. C’est notamment le cas à Marseille, où de nombreux colloques ont été organisés par les laboratoires dans le hall même de l’université.
La faculté de médecine de Lyon-Sud compte pour sa part plusieurs industriels au sein de son conseil de gestion et, à la faculté Toulouse Purpan, un représentant des laboratoires Pierre Fabre figure au conseil.