L’information a fuité en fin de matinée : Emmanuel Macron, le ministre de l’Économie, a décidé de quitter le gouvernement pour se lancer seul dans la course à la présidentielle.
Faire connaître clairement ses intentions
Emmanuel Macron a souhaité présenter sa démission mardi 30 août au président de la République. Cette démission, qui intervient la veille d'un discours qu'il doit prononcer à l'université d'été du Medef, n’est pas passée inaperçue. À peine le bruit de sa démission avait-elle fuité, que déjà de nombreuses voix se faisaient entendre : trahison, lâcheté, courage... Chacun y va de son commentaire.
Désormais, Emmanuel Macron va pouvoir se concentrer sur son mouvement "En Marche" et faire connaître clairement ses intentions. « Il ne faut pas que son action gouvernementale paralyse sa volonté d'aller à la rencontre des Français, de discuter avec eux et d'exprimer ses idées », avait estimé il y a quelques jours le sénateur-maire de Lyon Gérard Collomb, qui le soutient.
Macron est-il allé au bout de son action ?
À la gauche du Parti socialiste, ce départ est une nouvelle preuve de l’affaiblissement du chef de l’État. « S'il quitte le navire en cours de route ça marque évidemment l'affaiblissement du président de la République, mais aussi une sorte de politique spectacle, dans laquelle on ne va pas jusqu'au résultat », a analysé le chef de file des députés socialistes frondeurs, Christian Paul. « Cher François Hollande, qui sème le désordre (dans toute la gauche) récolte le chaos (dans son propre camp). Macron démissionne. Qui s'en étonne ? », a lancé de son côté la sénatrice écologiste du Val-de-Marne, Esther Benbassa, sur Twitter.
Quant aux socialistes encore confiants dans l’action du gouvernement, ce départ n’est pas bien vu. « Démission ou pas, la seule question qui vaille est celle de la loyauté au président François Hollande dis-je à mon pote Emmanuel Macron », a posté Bruno Le Roux, le président du groupe PS à l'Assemblée nationale.
A-t-il eu raison de quitter le navire ? Très certainement. Mais parviendra-t-il à ne passer ni pour un traître, ni pour un opportuniste ? L’exercice sera périlleux. Quant à savoir s’il n’est pas déjà trop tard, c’est une autre histoire...