Parmi les perles du monde politique, le Président Macron a droit lui aussi – comme la grande Catherine de Russie – à son village Potemkine.
Nous avons déjà évoqué le cas de la politicienne fraîchement défroquée qu’est Raquel Garrido. Nouvellement chroniqueuse dans une émission de la chaîne C8, l’ancienne porte-parole de Jean-Luc Mélenchon s’est illustrée en vantant le succès de manifestation de La France Insoumise du 23 septembre 2017. L’émission avait été enregistrée le 21 septembre, soit deux jours avant la manif.
« J’avais raison », s’est-elle défendue, considérant que l’évènement a bien été un succès. Finalement, peut-être devrions-nous demander à madame Garrido de nous conseiller dans le cadre de nos allocations d’actifs !
Le bal des hypocrites
Vous connaissez François Ruffin, le député LFI qui essaye de se faire remarquer en se promenant en maillot de foot à l’Assemblée ? La constance remarquable de ce monsieur lui vaut de figurer dans cette rubrique.
Comme le disait Jules Renard, changer d’avis comme de chemise, n’est-ce pas finalement « une question de propreté » ? Mais dans la famille La France Insoumise, Danielle Simonnet reste sur le haut du podium de l’hypocrisie. La conseillère de Paris occupe un logement social de 83 m² avec balcon dans le XXe arrondissement, pour un loyer de 1 300 €. Cela n’est pas illégal, mais est-ce bien moral lorsqu’on perçoit 4 190 € brut par mois de la poche du contribuable ?
Au vu des explications qu’elle apporte, on ne peut néanmoins que reconnaître un certain sens de l’humour à madame Simonnet : « je ne veux pas me loger dans le privé, enrichir un propriétaire privé et participer à la spéculation immobilière ». L’hypocrisie ne s’arrête pas aux frontières du politique. Le milieu financier en est lui aussi friand.
Ainsi, fin novembre, la banque américaine JPMorgan Chase envisageait de proposer le bitcoin à ses clients, deux mois après que son PDG Jamie Dimon a qualifié la mère des crypto-devises « d’escroquerie ». Doit-on être plus confiant vis-à-vis des institutions internationales qui sont censées vouloir notre bien ? Rien n’est moins sûr. Début octobre 2017, le FMI s’alarmait de l’endettement croissant des pays émergents et de certains membres du G20, ce qui constituerait « l’un des risques les plus importants » pour la reprise économique.
Il faut se souvenir, comme le fait le blogueur Bruno Bertez, que « le FMI n’a pas cessé de prôner la prolongation des taux zéro et, en 2016, il demandait encore aux différents pays de creuser les déficits fiscaux, donc les dettes […]. Maintenant le FMI feint de s’alarmer des dettes qui ont été contractées à la faveur des taux nuls ou bas qu’il recommandait ! Le FMI se plaint des maux dont il est responsable. »
Les nouvelles déclinaisons du bonneteau
« Tu vois la balle, elle est là, elle vient là, elle rebouge… et maintenant, elle est où ? » Au bonneteau, on perd à tous les coups. Mais cet attrape-pigeon n’est pas réservé à la rue. Voyez donc. Après que la Cour des comptes a épinglé au mois de juin le précédent gouvernement pour son « budget insincère », on pensait en avoir fini de découvrir des cadavres dans les placards. Malheureusement, le dernier quinquennat pourrait bien rester dans les annales comme l’apogée du bonneteau budgétaire. En effet, mi-novembre, la Cour des comptes s’est intéressée aux comptes de la Sécurité sociale. Voici ce qu’il en ressort :
Selon la juridiction du palais Cambon, le déficit 2016 de l’Assurance maladie ne se monterait pas à 4,8 milliards d’euros mais plutôt à 5,5 milliards d’euros. En cause, un transfert « opaque » de recettes en faveur de cette branche de la Sécurité sociale. Le gouvernement n’est pas le seul organe à faire dans l’enfumage du public. Fin septembre, Daniel Laurent, sénateur LR de Charente-Maritime, a proposé à sa collègue la sénatrice Corinne Imbert de créer un cabinet commun. Daniel Laurent a-t-il voulu protéger l’argent du contribuable en procédant à de judicieuses économies d’échelles ? Pas vraiment.
En fait, le sénateur cherchait plutôt un moyen de continuer à travailler avec sa fille qu’il employait jusqu’alors en tant qu’assistante parlementaire, ce qu’interdit désormais la loi sur la moralisation de la vie politique. « Ou je me sépare de ma fille, car la loi l’impose. Soit, avec Corinne Imbert (sénatrice LR qui emploie aussi sa fille), on intervertit nos filles et on fait un cabinet commun. Rien n’est encore décidé. » Prudente, sa collègue a décliné l’offre.
Les locataires de l’Assemblée nationale se refusent-ils à ce genre de combines ? Pas vraiment. Au mois de novembre, on apprenait qu’au moins deux députés LREM, Christophe Arend et Bertrand Sorre, ont recruté les enfants d’autres députés en tant qu’assistants… Rassurez-vous, cela n’empêchera pas nos chers parlementaires de vous faire de grands sermons sur la Lettre et l’Esprit de la loi, qu’il vous faut en tous cas respecter.
Cacher la poussière sous le tapis
Terminons avec notre président. Dans le cadre du sommet franco-italien, Emmanuel Macron s’est rendu le 27 septembre à Lyon au Musée des Confluences pour assister à une exposition en compagnie du Premier ministre transalpin. Lyonmag.com explique que la veille, une « dizaine de personnes originaires de l’Est qui vivaient depuis des mois sous l’autopont de l’A7 à la pointe de la Confluence » ont été expulsées, sans aucun rapport avec la venue du président à Lyon, à en croire les services de police.
Le magazine relève un autre « hasard du calendrier ». Le même matin, des prostituées travaillant le dans le quartier de Confluence ont en effet été interpellées, dans le cadre d’une opération visant un réseau nigérian de prostitution.
Lors de chacun de ses déplacements, le président de la République est en quelque sorte dans la situation du directeur d’une usine que les ouvriers, au courant de la visite imminente du patron, se sont empressés de parfaitement balayer. Un décor impeccable pour des discours fleuves sur les bienfaits de l’immigration, de la tolérance et de l’ouverture à l’autre – qu’on évite soi-même de croiser.
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