Avec habileté, le Président Macron fait avaler aux syndicats un nombre impressionnant de couleuvres. Face à lui, ce sont des confédérations en pleine déconfiture qui entament des retraites en ordre dispersé.
Sur le fond, le Président Macron peut être satisfait d’avoir réussi sa clé de bras aux syndicats. Après les ordonnances qu’ils ont jugées au mieux « décevantes », ceux-ci sont en train d’avaler de douloureuses réformes sur la formation professionnelle ou le chômage qui les priveront de leurs joujous paritaires historiques. On voit mal ce qui pourrait aujourd’hui arrêter les projets macroniens.
La discrète défaite des syndicats
À la fin de l’été, les syndicats avaient écrit au président Macron pour que la réforme de la formation professionnelle et de l’assurance chômage donne lieu à une rencontre multilatérale. Finalement… Emmanuel Macron reprend sa méthode de rencontres bilatérales à la chaîne avec les leaders syndicaux. En dehors de Philippe Martinez, de la CGT, personne ne semble revenu à la demande initiale de discussion collective.
L’anecdote est piquante. Elle souligne l’affaiblissement majeur des organisations syndicales face à un exécutif qui impose les thèmes et la méthode.
Qui a encore une vision dans la salle?
Fort de son bras de fer réussi sur la question des ordonnances, Emmanuel Macron égrène consciencieusement ses idées. Pour l’instant, son approche de la formation professionnelle reste floue et théorique. Sa vision de l’assurance chômage est plus aboutie.
Officiellement, il s’agit de donner de nouvelles protections aux salariés et d’entamer un acte « social » qui réparera l’effet droitiste des ordonnances. Dans la pratique, Macron va surtout empiéter sur les prérogatives des partenaires sociaux et procéder à quelques étatisations majeures.
Face à lui, le front syndical est disloqué, et l’on peine à trouver une idée alternative aux siennes.
L’étatisation cataclysmique de l’assurance chômage
Reste que l’étatisation de l’assurance chômage, préparée par l’exécutif, produira une déflagration majeure dans le paysage social. Assurer est un métier pour lequel l’État n’est pas équipé. La polémique qui a commencé à sévir sur le coût réel de l’extension annoncée aux entrepreneurs et aux démissionnaires de l’indemnisation illustre bien le propos. Les partenaires sociaux peuvent être accusés de laisser filer un déficit extravagant de l’assurance chômage. Tout laisse à penser que l’État fera pire.
Macron baissera-t-il les allocations chômage?
Tout laisse à penser, en l’état actuel des réflexions, que l’extension de l’indemnisation à de nouvelles populations s’accompagnera d’une baisse des allocations versées aux assurés. Le bon sens voudrait par ailleurs que les nouveaux bénéficiaires deviennent aussi des payeurs, lorsqu’ils sont en situation d’emploi.
Le régime fiscal des entrepreneurs devrait donc se durcir.
Baisse des allocations, élargissement de l’assiette des cotisants: les syndicats se montrent bien peu réactifs sur ce sujet. Mais peut-être que leur première préoccupation sera, dans ce dossier, de protéger les financements que l’UNEDIC leur apporte aujourd’hui. Le confort vaut bien un discret lâchage des salariés.
Article écrit par Eric Verhaeghe pour son blog