La campagne présidentielle peut-elle tomber plus bas et se dérouler dans un climat encore plus dégradé? Oui, bien sûr! et voici comment!
Le risque d’une vague de troubles urbains
Avec l’interpellation ahurissante d’un jeune à Aulnay, qui n’était soupçonné d’aucun trouble à l’ordre public et qui s’est retrouvé mutilé sur la voie publique par un policier, le risque est grand d’assister à une vague d’émeutes en Seine-Saint-Denis (et ailleurs). Cet acte en lui-même laisse songeur d’ailleurs: alors que, dans des situations d’urgence, la police reste profondément et scandaleusement passive, la même police peut se transformer en une véritable menace pour les citoyens qui n’ont rien à se reprocher.
Ces dysfonctionnements existent de longue date, mais sont systématiquement occultés par la hiérarchie policière.
Reste qu’une vague d’émeutes urbaines créerait un étrange sentiment d’affaiblissement et de désordre généralisé: désordre politique et désordre social.
Le risque d’une vague terroriste
Parallèlement, la France n’est pas à l’abri de quelques attentats, sur le même mode que le « tueur solitaire » du printemps 2012, à Toulouse, ou de façon plus organisée. On mesure là encore le désarroi qui s’emparerait de l’opinion publique dans l’hypothèse où l’ordre public serait perturbé par la terreur. La conjonction du désordre politique et de l’angoisse dans les rues peut donner des résultats tout à fait explosifs.
Le risque des boules puantes à venir
Selon toute vraisemblance, l’opération menée par François Fillon n’est qu’une mise en bouche. D’autres boules puantes sont probablement à venir, à la fois contre François Fillon et contre d’autres candidats. On pense particulièrement à Emmanuel Macron, qui risque de se retrouver tôt ou tard dans la tourmente. Là encore, même si le pire n’est jamais sûr, il ne faut jamais oublier que le véritable levier calendaire aura lieu le 17 mars (six semaines ou presque, donc! une éternité) à 18 heures, moment où le dépôt des parrainages sera clos.
Après cette date, les jeux seront faits et les candidats qui se retireront ne pourront être remplacés. Quelle tentation! C’est donc à partir du 18 mars que les tirs d’artillerie risquent de redoubler. Tout coup reçu comptera double à partir de ce moment-là.
Le risque d’un retrait contraint sans remplaçant
Accessoirement, si un candidat devait se retirer après le 18 mars, il priverait son camp de toute représentation devant les électeurs. On mesure la déflagration! et on mesure aussi quel handicap le candidat élu en mai devrait surmonter pendant tout son mandat, surtout si le candidat qui se retire relève d’un parti « important » en termes de nombre de voix.
Et c’est peut-être le risque principal qui pèse aujourd’hui sur le scrutin: celui de voir son caractère démocratique fortement altéré par les campagnes de boue qui s’échangent sur le podium.
Le risque d’un trouble international
Pour comble de malheur, la France n’est pas à l’abri d’une foucade de Donald Trump, ou d’une dégradation sévère des relations entre l’Europe et la Russie (par exemple à l’occasion du conflit ukrainien). Dans cet univers instable, une étincelle pourrait changer la donne. Que Trump programme la fin de la présence militaire américaine en Europe, que Poutine décide une escalade en Ukraine, et les Français comprendront brutalement qu’une période de pain noir diplomatique s’annonce.
Les petites querelles franco-françaises de qui a employé sa femme, son fils ou qui couche avec le président de Radio-France paraîtront bien secondaires à ce moment-là, par rapport aux enjeux mondiaux.
Quels risques face aux risques?
Tout l’enjeu est évidemment de savoir quelle sera la réaction de la classe politique française en cas de réalisation de l’un de ces risques. En cas de « mollesse » trop grande, le crédit de la démocratie représentative sera encore plus fortement entamé. Le principal risque français, aujourd’hui, est de ne plus être capable de faire face aux risques.
Article écrit par Eric Verhaeghe pour son blog