Du référendum britannique sur l’avenir du pays dans l’UE aux négociations entre la Grèce et ses créanciers, jamais l'ombre d'un Grexit et d'un Brexit n'ont autant plané sur l'Union. Et si ces deux menaces offraient à l’Europe une opportunité unique pour se réinventer ?
Derrière le référendum britannique se cache une vraie volonté de réformer l’UE
Je lis dans la démarche des Britanniques non pas une défiance de la Grande-Bretagne vis-à-vis de ses partenaires au sein de l’UE, mais plutôt une invitation collective à faire de l’UE une structure plus compétitive et réactive dans une mondialisation croissante. Approfondir le Marché intérieur, créer une Union de l’énergie, une gouvernance européenne de l’Internet, etc., sont autant de sujets, voire de défis que les différents États membres doivent relever.
La position de David Cameron est bienvenue et surtout courageuse à l’heure où l’on assiste à une montée des populismes en Europe et à un détournement des citoyens de la question européenne. Le Premier Ministre justifie le référendum par le souhait de rendre au projet européen sa légitimité démocratique, tout en négociant la place singulière qu’occupe le Royaume-Uni au sein de l'UE. Une place singulière qui ne devra toutefois pas altérer la vision intégrationniste de la construction européenne, seule voie possible pour poursuivre efficacement l’œuvre des pères fondateurs.
Partisane d’une position défensive sur le Brexit, la France serait bien inspirée de suivre l’exemple de l’Allemagne qui voit dans ce référendum une occasion de réformer l’UE. Angela Merkel a compris tout l’intérêt d’entrer dans le débat plutôt que de s’accrocher à un statu quo qui risque de condamner définitivement l’Europe à l’immobilisme.
Et si la crise grecque servait de laboratoire pour inventer un nouveau modèle de solidarité responsable ?
Si la question du remboursement de la dette grecque n’est pas négociable, l’UE doit néanmoins tendre la main au peuple grec pour rendre cette dette soutenable et éviter le scénario risqué d’un Grexit.
L’une des solutions consisterait, pour les États créanciers qui le souhaitent, à convertir une partie de la dette grecque en certificats d'investissement permettant de développer l'économie grecque. Plutôt que de voir l'excédent primaire du budget grec partir rembourser les créanciers du pays, il serait converti en investissements productifs en Grèce, sur lesquels ces créanciers auraient des droits.
Concrètement, des fonds publics bilatéraux seraient créés, détenus à égalité entre la Banque publique d'investissement du pays à l'origine de la créance et son homologue grecque. Ces fonds communs auraient pour mission d'investir dans des investissements productifs destinés à moderniser l'appareil de production grec. Ainsi, les sacrifices demandés à la population grecque ne seraient pas stériles pour elle mais se traduiraient au contraire en investissements, en emplois, en accroissement du PIB, gage d'un redressement permettant, à terme, un remboursement de la dette.