Ni parader sur le plateau de la «nouvelle édition» de Canal +, ni reprendre son sempiternel refrain «la jeunesse est ma priorité» ne suffit à constituer une politique pour la jeunesse. C'est pourquoi, après trois ans de mandat, la jeunesse a tourné le dos à François Hollande.
Si les jeunes n'ont jamais été aussi désenchantés et critiques vis-à-vis des politiques et des institutions, comme l'atteste une enquête réalisée en 2014 pour France Télévisions, il faut bien reconnaître qu'ils ont des raisons pour cela. Les postures jeunistes de la communication du Président ne suffisent plus à faire oublier les dégâts causés par sa politique.
François Hollande, président des étudiants ?
En 2012, François Hollande s'était auto-proclamé président des étudiants allant jusqu'à leur faire miroiter l'idée d'une allocation d'autonomie. Trois ans après, plutôt que de leur remplir les poches, il s'est régulièrement servi dedans ! Par deux fois, il a ainsi essayé de supprimer les bourses au mérite. Aujourd'hui encore, sa majorité souhaite réduire drastiquement les aides au logement pour les étudiants, ce qui pénalisera près de 700 000 d'entre eux. Quant à sa politique fiscale, elle a essoré les familles qui ont par conséquent de plus en plus de difficultés à soutenir matériellement leurs enfants qui poursuivent des études.
A ces premières déconvenues sont venues s'ajouter bien des reniements. Le jour de son entrée en fonction, François Hollande s'était placé sous le patronage de l'élitisme républicain de Jules Ferry. On ne peut que s'interroger sur ce qu'il en reste aujourd'hui. Où est la défense du mérite républicain quand sa ministre de l'Education assume un discours anti-élite, détruisant, avec sa réforme du collège, les classes bi-langues et l'enseignement des langues anciennes au nom d'un égalitarisme forcené? Quant aux universités, elles découvrent depuis quelques mois, ce que valent les engagements du gouvernement. Ce dernier ayant décidé de ponctionner 100 millions d'euros dans les fonds de roulement des universités et des écoles les plus vertueuses pour financer celles qui n'ont pas fait autant d'efforts. Avec les socialistes, c'est la revanche de la cigale sur la fourmi.
Le chômage des jeunes toujours élevé
Les désillusions ne se limitent pas à l'éducation. Malgré les promesses et l'utilisation massive de contrats aidés, les difficultés des jeunes pour trouver un emploi continuent de s'aggraver. Les derniers chiffres du chômage montrent bien que c'est la situation des 18-25 ans qui se détériore le plus rapidement (+ 1% en mars et + 1,5 % sur l'année). Ils sont de loin la population la plus frappée par le chômage (23,7 % des 18-25 ans sont au chômage contre 10,4 % pour l'ensemble de la population).
Plus grave, pour économiser 550 millions d'euros et ainsi financer partiellement sa politique d'emplois aidés, le gouvernement a sacrifié l'apprentissage. Pendant deux ans, il a supprimé les aides à l'embauche des jeunes apprentis pour les petites entreprises. Le résultat d'une telle politique, c'est que le nombre d'apprentis en France a atteint son plus bas niveau depuis 10 ans. Désormais cette filière, pourtant plébiscitée par les jeunes, est en grande difficulté, le nombre d'apprentis ayant chuté de 8 % en 2013 et encore de 3 % en 2014.
Les principales victimes de l'insécurité
Déconvenues sociales, reniements des valeurs et des promesses, échec de la politique de l'emploi, on pourrait même citer la question de l'insécurité pour expliquer le rejet de la politique de Hollande chez les jeunes. En effet, on oublie trop souvent de rappeler que, aujourd'hui, ce sont les 14-24 ans qui sont les principales victimes de l'insécurité. Ils sont 8,4 % contre 3,5 % pour l'ensemble des Français à déclarer avoir été victimes d'un vol ou d'une tentative de vol selon la dernière enquête INSEE sur le cadre de vie et la sécurité.
Voilà pourquoi après avoir majoritairement voté pour François Hollande lors de l'élection présidentielle (54 %), les 18-25 ans s'en sont désormais détournés. Les enquêtes d'opinion récentes montrent d'ailleurs que François Hollande et le PS sont rétrogradés en troisième position dans le coeur des jeunes (17 %), loin derrière l'UMP (31%) et le FN (28 %) (sondage IFOP sur intentions de vote pour les départementales mars 2015). Ce qui constitue le fait le plus nouveau, c'est que les 18-25 ans se positionnent désormais moins à gauche que la moyenne des Français (19 % selon la même enquête).
Le divorce entre la jeunesse et François Hollande est désormais largement consommé et il faudra bien plus que l'ouverture de quelques salles de shoot pour qu'elle voie à nouveau l'avenir en rose.