La réforme du collège que porte Mme Vallaud-Belkacem est un nouveau coup dur porté à notre système d'instruction publique. Et l'on s'achemine doucement mais sûrement vers une école fabrique de travailleurs techniquement qualifiés mais culturellement anesthésiés.
En témoigne le traitement du latin. Jugeant l'enseignement du latin (et du grec) comme étant "élitiste", il est décidé tout simplement de programmer son déclin dans les programmes. Aujourd'hui, c'est une option, une matière à part entière. Avec cette réforme, elle devient un élément qu'on saupoudre vaguement dans les cours de français. Cette réforme prévoit donc la baisse de la quantité et de la qualité de l'enseignement du latin.
Le latin n'est pas élitiste
En quoi le latin est-il élitiste ? Si élitiste signifie être réservé à quelques-uns, alors cette accusation est mensongère. Aujourd'hui, tous les élèves peuvent prendre cette option. Il n'y a pas plus égalitaire que ce système. Maintenant, si élitiste signifie que l'étude de cette langue est exigeante intellectuellement et renforce la qualité de l'instruction, alors oui, c'est élitiste. Mais dans ce cas, qu'est-ce qui dérange ce gouvernement socialiste ? Ce n'est pas assez médiocre pour eux ?
On ne peut que s'interroger légitimement sur les intentions de ce gouvernement. Car, en abaissant ainsi le niveau de l'instruction publique, loin d'établir une égalité entre les élèves, la gauche entérine de fait la sélection par l'argent. Car, les parents qui ont de l'argent, et qui n'acceptent pas que leurs enfants reçoivent une instruction au rabais, peuvent mettre leurs enfants dans des écoles privées. Mais les enfants des classes modestes, même s'ils sont méritants et doués, pourront encore moins qu'avant accéder à un enseignement de qualité.
Education : une politique néfaste pour les classes modestes
On reconnaît bien là ce qu'il est convenu d'appeler la "gauche caviar". Sous des apparences égalitaristes, elle produit hypocritement des politiques néfastes pour les classes sociales modestes. D'autre part, cette attaque contre le latin est à mettre en parallèle avec la volonté de renforcer l'enseignement des langues étrangères. Ces "langues vivantes" sont très importantes, et leur apprentissage est passionnant. Mais la concomitance avec la baisse de l'enseignement du latin nous interpelle.
Apprendre les langues et les civilisations étrangères c'est s'ouvrir intellectuellement au monde. Mais comment s'ouvrir au monde sans savoir qui nous sommes ? Comment le faire sereinement ? Comment le faire sans se perdre ? On est là au coeur de la crise identitaire que la France traverse. Et cela n'est de toute évidence pas pris en compte. On pourrait même dire que la politique suivie ne fera qu'aggraver la crise que nous vivons.
Respecter la culture spécifique de la France
Le latin est une langue ancienne, mais ce n'est pas une langue morte. C'est une langue ancienne, mais ce n'est pas une langue étrangère. Le latin c'est notre identité, c'est un de nos fondements linguistiques et culturels. Car il faut le rappeler, nous avons une culture spécifique en France. Nous sommes une civilisation particulière, héritière d'une longue histoire millénaire. La France n'est pas un espace vide culturellement qui s'enrichirait uniquement d'apports extérieurs.
Rappelons-le à ceux qui ont tendance à l'oublier. On entend souvent dire que l'immigration est enrichissante culturellement. Certes. En tout cas, on pourrait et on devrait faire en sorte qu'elle le soit. Mais si on ne préserve pas la culture française prééxistente, qu'y aura-t-il à enrichir ? Alors, préservons l'enseignement du latin.