Dans le monde de l’entreprise, quand une marque fonctionne, il ne vient à personne l’idée de la changer. Mais la politique obéit parfois à des raisons que la raison ignore. Depuis le début du quinquennat de François Hollande, l’UMP se porte comme un charme.
Le grand parti de l’opposition a gagné toutes les élections intermédiaires. Et depuis le retour de Nicolas Sarkozy à sa tête, il semble même que les conflits de personnes qui ont miné le parti ces trois dernières années années s’estompent. Le « U » de Union, première lettre de l’acronyme UMP, a retrouvé du sens.
Nicolas Sarkozy veut tuer l'UMP
Qu’importe ! Nicolas Sarkozy veut à tout prix enterrer cette marque redevenue porteuse pour la remplacer, très probablement, par « Les Républicains ». Passons sur les débats sémantiques concernant cette nouvelle appellation éventuelle et attardons-nous plutôt sur cette volonté irréductible de tuer l’UMP. On a souvent invoqué l’intérêt judiciaire de l’opération. L’affaire Bygmalion qui risque d’être jugée en 2016 pourrait, selon certains, rejaillir sur l’UMP et, par conséquent, sur son Président. D’où l’urgence de tourner la page. Je ne crois pas à cette explication. De toutes façons, que l’UMP ait ou pas changé de nom n’empêchera pas les juges de cibler Nicolas Sarkozy s’ils l’ont décidé et d’abîmer son image.
L'UMP, une création des chiraquiens
La vraie raison qui a précipité cette décision se niche ailleurs. Aux yeux de Nicolas Sarkozy, l’UMP est entachée d’un pêché originel, celui d’avoir été créée par les chiraquiens et d’avoir eu comme président fondateur son grand rival Alain Juppé. Fort de ce rôle historique, le maire de Bordeaux jouit d’une authentique légitimité pour s’exprimer sur tout ce qui touche à l’évolution de l’UMP. Nouveaux statuts, nouvelle gouvernance, organisation de primaires pour la présidentielle de 2017… Plus d’UMP ? Moins de pouvoir d’ingérence pour Juppé !
Pas dupe, ce dernier fait campagne, via ses soutiens, pour obtenir de la direction du parti que ce changement de nom soit entériné par un vote des militants. Un piège redoutable tendu à Sarkozy car ceux-ci sont très attachés à leur sigle. En 1998, Philippe Séguin, président du RPR, avait consulté les adhérents sur ce thème. Il avait été affligé de constater que 99% d’entre eux rejetaient sa proposition de créer le « Rassemblement » ! Nicolas Sarkozy et ses Républicains mis en minorité sur une question aussi sensible, convenons que cela ferait désordre.