Il faut bien l’admettre : un ministre aujourd’hui ne sert plus à rien. Bien pire, chaque ministre veut laisser une réforme ou une loi à son nom. L’administration est ainsi ballotée tous les deux ans de réforme en réforme, du nord au sud, de bas en haut sans aucune continuité.
Les administrations pléthoriques des ministres
Les sommets d’absurdité sont atteints dans l’éducation nationale, le logement, le développement durable, pour ne citer que ces exemples. Chaque ministre est entouré de cabinets pléthoriques composés de hauts fonctionnaires qui n’ont qu’une obsession : préparer leur point de chute en sachant que leur durée de vie est un compte à rebours dès qu’ils mettent les pieds au ministère. Les locaux des ministères sont totalement inadaptés à une gestion contemporaine, nécessitent des coûts d’entretien ahurissants pour un service médiocre, avec des personnels de service d’un coût exorbitant, des marchés peu transparents.
Les administrations elles mêmes sont totalement déresponsabilisées par l’envahissement quotidien des membres des cabinets dont un certain nombre guignent leurs places. Elles ont tendance à jouer leur propre jeu et à édifier des contre pouvoirs pour se préserver. Tout cela produit une efficacité proche de zéro. Les services de l’Elysée contrôlent ou interfèrent avec ceux du Premier Ministre, qui eux-mêmes le font avec les ministères, qui eux se mêlent des régions, des collectivités ou d’autres circuits dans une pagaille où on a bien du mal à trouver des réformes.
Les parlementaires s’en délectent pour alimenter leurs propres circuits en crypto pouvoirs parallèles qu’ils manipulent à leur tour dans des jeux sans fin. On se demande qui a le temps de s’occuper des Français dans cet écheveau où plus personne ne se retrouve.
Un gouvernement à cinq, chiche ?
A l’heure d’Internet, la raison voudrait établir un Gouvernement de la France de cinq ministres, assisté d’une seule équipe d’une trentaine d’experts, et responsabilisant des directeurs généraux d’administration, rapportant chacun à des conseils d’administration. Dans chaque conseil d’administration siègeraient cinq citoyens tirés au sort comme dans les jurys de la Justice, avec faculté de récusation. Pour des raisons de sécurité, ce gouvernement serait logé dans un centre administratif excentré et l’ensemble des immeubles historiques pourraient être revendus et permettre ainsi des économies annuelles de fonctionnement au moins aussi importantes.
Tout ce système s’alimente en commissions, comités, organismes divers par centaines, dont on nous annonce fermement la disparition depuis dix ans et pourtant qui se multiplient. Dès lors, on comprend mieux pourquoi nos réformes n’avancent pas ; rien que dans le luxe d’avoir deux ministres des finances, pour quoi faire ?