La question est surprenante au moment où l’idée de RTT est rejetée tant par le gouvernement que par la droite. Et pourtant…
Quelle autre solution ? La croissance ? Certes, il faut desserrer l’étau de l’austérité afin de sortir de la stagnation, mais cela ne suffira pas à créer les millions d’emplois dont nous avons besoin. Baisse de l’euro, crédit abondant et bon marché, faible prix du pétrole, mesures en faveur de la compétitivité des entreprises nous permettent d’espérer 1 % de croissance en 2015 et… une stabilisation du chômage en fin d’année.
La production augmente, le travail diminue
Voilà 40 ans que la croissance diminue en France (comme chez nos voisins). Elle a, néanmoins, permis une augmentation de la production de près de 80 % avec 10 % de travail en moins. Dans le même temps, la population active a augmenté d’un quart. L’écart croissant entre la "demande" et l’"offre" de travail, conjugué à la restructuration de l’appareil productif, s’est traduit par la montée continue du chômage et de la précarité. Nous sommes plus riches, mais nous vivons moins bien parce que le marché a opéré une répartition injuste du travail, en excluant massivement les plus exposés : les femmes, les jeunes, les séniors, les moins qualifiés.
Redistribuer le travail de manière plus équitable
La majorité des politiques continue de ne voir d’issue que dans le retour d’une croissance forte et prolongée… Non, la croissance ne reviendra pas dans les pays riches et notre défi est maintenant de vivre mieux, en réduisant notre impact sur l’environnement : cela ne se fera pas sans une "redistribution du travail" plus équitable.
Une commission parlementaire vient justement de se pencher sur l’impact de la réduction du temps de travail et le rapport remis par la députée socialiste Barbara Romagnan en conclut que les lois De Robien et Aubry ont été les politiques d’emploi les plus efficaces et les moins coûteuses et qu’il est nécessaire de trouver de nouvelles modalités de réduction du temps de travail. Les citoyens doivent s’emparer de cette question, les politiques et les partenaires sociaux doivent accepter d’en débattre !