Le Niger, théâtre d’un récent coup d’État, voit sa stabilité politique et sécuritaire mise à rude épreuve. L’armée française pourrait perdre son dernier lieu de présence au Sahel, mettant ainsi fin à une ère de présence militaire dans cette région.
Niger en ébullition : entre putsch et présence française
Le Niger face à un coup d'État et une population divisée
La tentative de putsch à Niamey a secoué le paysage politique du Niger. Emmanuel Macron, depuis la Papouasie-Nouvelle-Guinée, a fermement condamné cette action, la qualifiant de "parfaitement illégitime" et "dangereuse" pour la région. Il a également appelé à la libération du président Mohamed Bazoum. Le Niger, malgré sa précarité économique et ses défis sécuritaires, demeurait l'un des derniers alliés de la France au Sahel. Cette région, déjà fragilisée par les attaques jihadistes, a connu trois coups d'État depuis 2020, mettant en lumière une instabilité croissante.
Sur la place de la Concertation à Niamey, des voix s'élèvent en faveur des putschistes. Ali, un des manifestants, déclare : « Les politiciens sont des faux. Les Nigériens et l'armée ont réussi parce qu'ici, tous les politiciens qui sont en train de s'en aller, la grande majorité, ce n'est pas le peuple qui les avait choisis ! ». Cette déclaration souligne un ras-le-bol général face à la situation politique et sécuritaire du pays et un rejet de la France et de son armée.
La présence française au Sahel : entre soutien et retrait
La présence militaire française au Sahel, et plus particulièrement au Niger, est de plus en plus remise en question. Actuellement, on estime entre 1.500 et 2.000 le nombre de soldats français stationnés au Niger. Cependant, les événements récents pourraient accélérer le retrait de ces troupes. Antoine Glaser, journaliste spécialiste de l'Afrique, souligne : « De la Mauritanie au Soudan, les djihadistes ont réussi à faire fuir l'ensemble des Occidentaux ». Avant cette tentative de coup d'État, la France envisageait déjà de réduire sa présence militaire dans la région.
La situation au Niger n'est qu'un reflet de l'évolution de la présence française dans le Sahel. Outre le Niger, la France maintient des troupes au Tchad, à Djibouti et dans d'autres bases éloignées du Sahel. Cependant, cette présence a diminué au fil des ans, notamment avec le retrait partiel des troupes de l'opération Barkhane au Mali. La collaboration croissante entre certaines juntes au pouvoir et la Russie, notamment au Mali, a également contribué à diminuer la présence française dans la région.
Le Niger, à l'intersection de défis politiques, sécuritaires et internationaux, est un baromètre de la situation au Sahel. La tentative de coup d'État et les réactions qu'elle suscite, tant au niveau local qu'international, mettent en lumière la complexité des enjeux régionaux. La France, acteur historique dans la région, se trouve à un carrefour stratégique et doit réévaluer sa présence et son rôle au Sahel.