Dans une interview accordée à France Info ce mardi 3 octobre, Pierre Moscovici, président du Haut Conseil des finances publiques, déplore le manque d’ambition du gouvernement dans la réduction de la dette.
Dette publique : la France bientôt au niveau de la Grèce ?
Pierre Moscovici : la LPFP manque d'ambition pour réduire la dette
Tous les yeux sont braqués sur la loi de programmation des finances publiques (LPFP) qui fixe la trajectoire pluriannuelle des finances publiques (jusqu'à 2027) et prévoit le budget 2024 de la France. Pierre Moscovici, ancien commissaire européen et actuel président du Haut Conseil des finances publiques (HCFP), poursuit le débat après avoir exprimé ses inquiétudes au micro de France Info ce mardi 2 octobre. Selon lui, la trajectoire budgétaire actuelle de la France s'oriente vers une stratégie qui manque d'ambition : « réduire le déficit public de 3 % à la fin du quinquennat, c'est réaliste et tenable. Simplement, pardon de le dire, c'est assez peu ambitieux ».
« L’essentiel des économies présentées dans le budget 2024 provient de la fin des dispositifs d’urgence ; les économies structurelles sont nettement plus faibles », avait justement affirmé Pierre Moscovici devant le Sénat le 27 septembre dernier. « Seuls 12,5 milliards d'euros proviennent pour l'essentiel du fait d'avoir débranché des dispositifs d'urgence », mais pour « les années suivantes, il va falloir trouver 12 milliards par an de manière pérenne », a-t-il souligné.
Le désendettement passe avant tout
Ainsi, en plus de ne pas être possibles sur le long terme, la loi de programmation des finances publiques ne prévoit aucunement de faire face à d’éventuels chocs économiques ni aux possibles variations des taux d'intérêt. Face à ces multiples promesses, le gouvernement ne cesse de butiner par-ci par-là de l’argent qui ne lui appartient pas pour faire croire aux Français qu’il tient parole. Les dernières mesures annoncées au sujet des comptes dormants et des caisses de retraites de l'Agirc-Arrco, pour aider les associations pour la première, et revaloriser les retraites les plus modestes pour la seconde, en sont une parfaite illustration.
Ces mesures permettent au gouvernement de faire bonne figure auprès de certains Français et de réduire le fameux « quoi qu'il en coûte », sans impacter la dette. Pour autant, le gouvernement continue de multiplier ses emprunts, et les dettes, comme la dette écologique, ne cessent de s'accumuler. Preuve en est : la dette publique de la France a atteint 111,8 % de son PIB (produit intérieur brut) en septembre 2023, et son déficit public avoisine les 4 % (l'objectif du gouvernement est de le réduire à 2,7 % d'ici 2027). Comme le souligne justement Pierre Moscovici, celle-ci « coûte cher puisque les taux d'intérêt ne sont plus négatifs aujourd'hui », ce qui n'était pas forcément le cas auparavant. C'est la raison pour laquelle, comme le rappelle Pierre Moscovici, la priorité doit être donnée au désendettement qui doit avoir pour ligne directrice de « flécher les choses vers une bonne dette, celle qui porte sur l'investissement dans l'avenir. (...) Si aucune action n'est entreprise, l'augmentation continue de la dette pourrait compromettre notre capacité d'investir. » Sous-entendu : la France pourrait très prochainement se retrouver au même niveau que la Grèce ou l'Italie.