Proxénétisme : le fléau des salons de massage avec “finition”

La lutte contre les faux salons de massage à Paris, qui cachent souvent des activités de prostitution, ou de blanchiment d’argent, peine à avancer malgré les appels de Catherine Lecuyer (conseillère du 8e arrondissement de Paris – divers droite) dès 2020.

Axelle Ker
Par Axelle Ker Publié le 5 octobre 2023 à 17h30
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Le nombre de salons de massage "avec finition" ne désemplit pas à Paris

À Paris, la situation concernant les salons de massage qui masquent des activités illégales (prostitution et blanchiment d'argent) est préoccupante. Catherine Lecuyer, conseillère du 8e arrondissement de Paris (divers droite), n'a pas manqué de le souligner dans son communiqué du 5 octobre 2023, affirmant que leur nombre ne désemplit pas. Les derniers chiffres de l'association Zéromacho le confirme : il y aurait plus de 371 faux salons de massage à Paris (contre 400 en 2020) accueillant plus de 3.000 clients par jour.

Les conséquences de ces activités sont multiples. Au-delà des nombreuses infractions à la loi, ces établissements génèrent des nuisances pour les riverains. Les troubles de voisinage et à l'ordre public engendrés par ces activités illicites affectent la sécurité, la tranquillité et la salubrité publiques.

L'inaction des pouvoirs publics depuis 2020

Dès 2020, Catherine Lecuyer avait sonné l'alarme. Dans l'hémicycle du Conseil de Paris, elle avait interpellé la Mairie et la Préfecture de police sur ce sujet, « Les pouvoirs publics sont-ils véritablement déterminés pour lutter contre ces commerces ? Où en sommes-nous aujourd'hui ? » (2020). Une expansion inquiétante du phénomène dans le 8e arrondissement était alors mise en lumière (20 salons en 2020).

Hélène Bidard, adjointe à la Maire de Paris, avait répondu sur un ton défensif, en brandissant des publicités trouvées dans la rue pour ces salons et en reconnaissant la souffrance et l'exploitation qui se cachent derrière ces enseignes : « Ces salons de massage, dont la nature des services proposés ne laisse guère de doute et qui sont souvent ostensiblement interdits aux femmes (...) la prostitution est considérée par la loi comme une violence faite aux femmes ». Malgré ces constats, la situation n’a guère évolué. Si Hélène Bidard avait fait état de l'implication de la Mairie de Paris (200.000 euros par an) dans la lutte contre ces établissements, elle semblait aussi vouloir dédouaner la Mairie de Paris sur ce sujet en remettant la responsabilité sur d'autres instances publiques : « De toute évidence, davantage de moyens doivent être débloqués par la préfecture de police afin de mener des enquêtes, les poursuites et les condamnations pour proxénétisme et traite. C'est au ministère de l'Intérieur, à la préfecture, et à la brigade de répression du proxénétisme d’agir. La Ville de Paris, je le redis ici, fait bien plus qu’elle ne le devrait au regard de ses compétences ».

Entre 2020 et 2023, les préoccupations relatives aux salons de massage à Paris n'ont pas reçu de réponse concrète. Dans certains arrondissements, la présence croissante de ces établissements est particulièrement alarmante : 50 dans le 17e et 20 dans le 8e. Malgré le mécontentement grandissant des Parisiens, les autorités se rejettent mutuellement la responsabilité. Pendant ce temps, les premières victimes de ces établissements demeurent les jeunes filles qui y travaillent.

Axelle Ker

Diplômée en sciences politiques et relations internationales, journaliste chez Économie Matin & Politique Matin.

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