Agnès Pannier-Runacher, ministre de la Transition énergétique, a promis sur Sud Radio une France sans pénurie d’électricité cet hiver. Mais derrière cette assurance, se cache une histoire tumultueuse de décisions politiques et d’abandons stratégiques qui ont façonné le paysage énergétique actuel de la France.
Energie : le gouvernement exagérément optimiste ?
Pas de pénurie d'électricité cet hiver ?
Selon Agnès Pannier-Runacher, invitée sur Sud Radio vendredi 20 octobre, "nous ne manquerons pas d'électricité cet hiver". Elle crédite EDF pour son travail remarquable d'augmentation de la production d'électricité en France, mettant la nation en meilleure posture que l'année précédente. L'hiver dernier, la France a été confrontée à des difficultés d'approvisionnement en électricité, avec un risque atypique en raison de la faible disponibilité du parc nucléaire français et du peu d'efficacité des énergies renouvelables, pourtant largement soutenue par le gouvernement. Agnès Pannier-Runacher crédite aujourd'hui EDF pour avoir augmenté la production, mais qu'en est-il des décisions passées qui ont conduit à cette situation précaire ?
La France, autrefois pionnière dans le domaine du nucléaire, a vu son leadership s'éroder au fil des ans. L'abandon du projet Astrid, qui devait façonner les futures centrales nucléaires françaises, est un exemple frappant de cette dérive. Ce projet aurait même pu régler le problème des déchets nucléaires, souvent pointé par les détracteurs du nucléaire. L'abandon d'Astrid est, avec la fermeture de Fessenheim, l'un des symboles du déclin du nucléaire en France. Si la France avait investi plus tôt dans la modernisation de ses centrales, elle serait en meilleure posture aujourd'hui.
Sobriété énergétique : une question d'économie plus que d'écologie ?
Agnès Pannier-Runacher insiste sur la nécessité de la sobriété énergétique, définie comme l'effort pour ne pas gaspiller d'énergie. Elle déclare que c'est bénéfique pour le portefeuille, la planète et la protection de notre système électrique. La sobriété énergétique aurait permis de réduire la consommation de gaz et d'électricité de 12% au cours des 12 derniers mois. Mais est-ce vraiment dû à une prise de conscience écologique des Français ? Les chiffres suggèrent que la réduction de la consommation d'énergie est davantage due à l'inflation et à la hausse des coûts de l'énergie.
L'inflation, tirée par une nouvelle hausse de l'énergie, a impacté le pouvoir d'achat des ménages. Selon l'UFC-Que-Choisir, les prix sont restés plus élevés que ceux de septembre dernier, ce qui pourrait expliquer pourquoi les Français ont réduit leur consommation. Au lieu de se réjouir d'une diminution de la consommation énergétique, Agnès Pannier-Runacher pourrait se concentrer sur la précarité des ménages et le coût de l'énergie, notamment les taxes qui l'alourdissent.