Quelques jours après la Toussaint, le débat autour de la légalisation du compostage humain, aussi appelé humusation, fait son entrée au sein de l’Assemblée nationale ce mardi 7 novembre 2023. Allons-nous vers une troisième voie funéraire en France ?
Humusation : le compostage humain bientôt légalisé en France ?
Humusation, le débat s'enracine à l'Assemblée
Ce mardi 7 novembre 2023, l'Assemblée nationale française se transforme en un forum de discussion sur l'avenir des pratiques funéraires dans le pays. Le colloque sur l'humusation réuni des experts, des élus, et des représentants de diverses associations pour débattre de la légalisation de cette méthode, présentée comme un choix éthique et écologique face aux pratiques traditionnelles d'inhumation et de crémation. Portée par la proposition de loi de janvier dernier d'Élodie Jacquier-Laforge, députée et vice-présidente MoDem de l'Assemblée nationale, cette pratique consiste à envelopper le corps du défunt dans un linceul sur un lit végétal pour le transformer en compostage humain.
La France, avec l'humusation, aussi appelée terramation, s'ouvrirait une troisième voie funéraire, qui se veut plus écologique. Selon un sondage OpinionWay demandé par l'association Humo Sapiens, 73 % des Français interrogés aspirent à une « mort écologique », et moins de la moitié (46 %) ont indiqué être prêts à l'humusation.
L'humusation dans le monde et les débats qu'elle soulève
À l'international, l'humusation gagne du terrain, avec plusieurs États américains ayant légalisé cette pratique. Washington, Colorado, Oregon, Vermont et New York ont franchi le pas, et la Californie se prépare à rejoindre ce mouvement dès 2027. Cette méthode, bien que nouvelle, s'inscrit dans une tendance globale. En France, l'humusation n'est pas encore légalisée, mais le mouvement en faveur de sa reconnaissance officielle s'organise et gagne en visibilité. La proposition de loi déposée par Élodie Jacquier-Laforge en janvier dernier, évoquée précédemment, a jeté les bases d'une réflexion sur l'expérimentation de cette pratique en France.
Les débats autour de l'humusation ne sont pas uniquement pratiques ou législatifs ; ils touchent aussi à nos conceptions du deuil, du souvenir et plus largement à l'éthique. Les rites funéraires sont le reflet d'une civilisation. Comme l'a souligné Damien Le Guay, philosophe spécialiste des questions de fin de vie, l'humusation défie les traditions et les rituels établis en proposant une disparition physique complète et rapide du défunt, ce qui peut perturber le processus de deuil. « Nous proposons aux citoyens de vivre sans nation, sans famille et sans mémoire. C'est la fabrique de l'homme de sable », mettait en garde Philippe de Villiers. Les experts tout comme les Français restent divisés sur la question, entre ceux qui voient dans l'humusation un acte de responsabilité environnementale et ceux qui craignent une perte de la dimension sacrée et mémorielle des rites funéraires.