Santé : les téléconsultations en gare n’emballent pas les médecins

La SNCF veut créer un service de téléconsultations dans ses gares

La SNCF a annoncé son intention d'installer des espaces de téléconsultation dans environ 300 gares d'ici 2028. Pour ce faire, la compagnie ferroviaire prévoit des espaces de 15 mètres carrés équipés pour des consultations à distance, avec la présence systématique d'un infirmier. Ces modules, conçus par Loxamed, une filiale du groupe Loxam, ont déjà prouvé leur efficacité lors de la crise sanitaire pour le dépistage du Covid-19. L'objectif de la SNCF est de lutter contre les déserts médicaux et d'offrir un accès facilité aux soins dans des zones où les médecins sont peu présents.

Raphaël Poli, directeur général retail chez Gares et Connexions, défend le projet de la SNCF en arguant que « dix millions de personnes passent dans les gares chaque jour et 90 % de la population vit à moins de 10 km d'une gare ». Pour la mise en œuvre de ce projet, la compagnie ferroviaire et Loxamed prévoient de collaborer avec les Unions régionales des professionnels de santé (URPS) pour trouver les infirmiers et médecins libéraux nécessaires. Les espaces de télémédecine seront installés en concertation avec les Agences régionales de santé (ARS) et les collectivités locales. Pas de changement du côté des prix des consultations, celles-ci resteront au tarif classique et les rendez-vous pourront être pris aussi bien sur place qu'en ligne.

#Communiquédepresse📰 Alors que la SNCF prévoit l'installation de boxes de télé-consultations dans 300 gares, l'Ordre s'inquiète des conséquences du développement d'une telle activité consacrant les inégalités d'accès aux soins et favorisant la dérégulation du système de santé.👇 pic.twitter.com/86nLbTMiCz

— Ordre des Médecins (@ordre_medecins) November 20, 2023

L'Ordre des Médecins craint une « financiarisation » du système de santé

Le système de téléconsultations de la SNCF est loin de faire l'unanimité du côté de l'Ordre des Médecins. L'organisme n'a pas hésité à faire part de ses réserves dans son communiqué du 20 novembre 2023. Leur principale préoccupation est que ce projet pourrait entraîner une redistribution des professionnels de santé, les détournant des territoires déjà vulnérables. Les professionnels de santé redoutent que ce dispositif exacerbe plutôt qu'améliore la problématique des déserts médicaux et qu'il entraîne une tendance à la « financiarisation » du système de santé.

#Communiquédepresse📰 Alors que la SNCF prévoit l'installation de boxes de télé-consultations dans 300 gares, l'Ordre s'inquiète des conséquences du développement d'une telle activité consacrant les inégalités d'accès aux soins et favorisant la dérégulation du système de santé.👇 pic.twitter.com/86nLbTMiCz

— Ordre des Médecins (@ordre_medecins) November 20, 2023

L'Ordre des Médecins conseille à la compagnie ferroviaire de rester dans son pré carré, c'est-à-dire, de concentrer ses efforts sur l'amélioration des transports vers les zones enclavées. Pour eux, l'enjeu est ici : il faut encourager les professionnels de santé à s'installer dans les zones de déserts médicaux et non l'inverse. Cette critique est partagée par le syndicat UFML (Union française pour une médecine libre) qui a qualifié le projet de la SNCF de « médecine low-cost très lucrative ». Pour eux, il n'y a pas de quiproquo : « Il ne peut y avoir de bonne médecine faite de consommation presse-bouton à distance d'un médecin qui ne connaît pas le patient ». Malgré les critiques des professionnels de santé, la SNCF maintient la défense de son projet de téléconsultations dans les gares.