Déserts médicaux : face à l’UFC, le gouvernement déclare agir

L’association UFC-Que Choisir a déposé un recours devant le Conseil d’État pour « inaction » du gouvernement face au problème des déserts médicaux. Une action en justice qui est loin d’avoir plu au ministre de la Santé, Aurélien Rousseau.

Axelle Ker
Par Axelle Ker Publié le 24 novembre 2023 à 12h13
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Déserts médicaux : bras de fer entre l'UFC-Que Choisir et le gouvernement

L'UFC-Que Choisir, connue pour sa défense des droits des consommateurs, a franchi une étape significative en saisissant le Conseil d'État pour « inaction » du gouvernement face aux problèmes des déserts médicaux. L'association a lancé une campagne de soutien à son initiative #MaSantéNattendPlus et réclame des mesures concrètes pour contrer la pénurie de médecins, notamment en ce qui concerne les généralistes, gynécologues, ophtalmologistes et pédiatres. « En se basant sur l’offre médicale accessible à moins de 45 minutes de route, notre étude montre en effet que 19,3% des Français résident dans un désert médical pour l’ophtalmologie, et que 24,8% des femmes et 28,9% des enfants habitent respectivement dans un désert médical gynécologique et pédiatrique. » Cette démarche fait suite à des années de discussions infructueuses avec les décideurs politiques et vise à alerter sur la gravité de la situation. Dans son étude, l'association révèle que près de 83% des Français sont affectés par cette pénurie et vivent dans des déserts médicaux.

Face à ces accusations, le ministre de la Santé, Aurélien Rousseau, a exprimé son irritation auprès de nos confrères de Libération, jeudi 23 novembre 2023. Le ministre a estimé que les critiques de l'association étaient « insupportables » : « Qu’on nous accuse d’inaction m’énerve. Laisser planer cette idée que, pour les politiques, la vie des gens serait un décor dans lequel on se balade, est insupportable. Je ne suis pas déconnecté ». Il a mis en avant les efforts déjà entrepris par le gouvernement, comme l'incitation à la collaboration entre ophtalmologistes et orthoptistes, et les progrès en matière de soins dentaires. Mais, à moins d'obliger les médecins à s'installer dans les zones de déserts médicaux, solution que le ministre a rapidement écartée — « Parce que l’on est convaincu que le remède serait pire que le mal », le problème des déserts médicaux paraît bien insoluble en l'état actuel.

Déserts médicaux, un problème insoluble ?

La crise des déserts médicaux ne se limite pas à un manque de spécialistes. Elle affecte également l'accès aux médecins généralistes, avec plus de la moitié d'entre eux ayant plus de 55 ans, signalant un déficit imminent de professionnels dans les années à venir. Les habitants des zones rurales sont particulièrement touchés, avec une consommation de soins hospitaliers inférieure de 16% à 20% à celle des zones urbaines, et un écart d'espérance de vie qui se creuse, parfois jusqu'à 15 ans. Ces chiffres alarmants révèlent une réalité inquiétante : l'isolement sanitaire des zones rurales ne fait que commencer.

Face à ce défi de taille, des solutions sont proposées pour améliorer l'accès aux soins en milieu rural. La SNCF a dévoilé son plan pour installer des box de téléconsultations médicales dans 300 gares d'ici 2028. Une proposition louable, mais qui ne convainc pas les médecins qui craignent la « financiarisation d'une médecine low cost ». Autre proposition du gouvernement : encourager les stages pour les étudiants en santé dans les zones rurales, développer des équipes de soins et créer des guichets uniques pour faciliter l'installation des professionnels de santé en milieu rural.

Axelle Ker

Diplômée en sciences politiques et relations internationales, journaliste chez Économie Matin & Politique Matin.

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