Salaire : quel est le profil des smicards de France ?

Les smicards en France ont atteint un nombre record pour cette année 2023. Quels sont les profils de ces salariés payés au salaire minimum ?

Axelle Ker
Par Axelle Ker Modifié le 15 décembre 2023 à 15h52
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Smicards : les femmes et les TPE en première ligne

Au 1er janvier 2023, la France comptait 3,1 millions de salariés du secteur privé non agricole rémunérés au SMIC. Autrement dit, les smicards de France représentent 17,3 % des salariés. Parmi eux, les femmes se distinguent. Elles représentent plus de la moitié des smicards de France (1,8 million), alors qu'elles ne représentent que 45,2 % de l'ensemble des salariés du secteur privé non agricole. Les secteurs de la restauration, de la santé et de l'hébergement comptent la plus grande part de smicards en France, avec environ 40 % des employés de la restauration et de l'hébergement rémunérés au SMIC. La proportion de femmes smicardes est étroitement liée aux rôles qu'elles occupent. Par exemple, 87,7 % des infirmières et des sages-femmes sont des femmes, 98 % occupent des postes d'aides à domicile, 82 % travaillent dans l'hôtellerie, et 59 % sont aides de cuisine.

La taille de l'entreprise et la nature du contrat ont  également une influence significative sur la distribution des salaires au niveau du SMIC. Les très petites entreprises (TPE) se caractérisent par une forte concentration de smicards. Ceux-ci représentent 27 % de leurs employés à temps plein et plus de 40 % à temps partiel. En revanche, dans les grandes entreprises, la proportion de salariés au SMIC diminue à 10,6 %. Une tendance qui ne s'applique toutefois pas aux femmes, 65,6 % d'entre elles travaillant dans une entreprise de plus de 500 salariés perçoivent le SMIC.

La pyramide des salaires

Selon l'Insee, en 2021, le salaire net médian dans le secteur privé s'élevait à 2 012 euros par mois, inférieur de 20 % à la moyenne de 2 524 euros . Cette médiane montre que la moitié des salariés gagnent moins que ce montant. Près de 19 % des salariés perçoivent moins de 1 500 euros nets, et 31 % se situent entre 1 500 et 2 000 euros nets par mois. Ces chiffres mettent en lumière une concentration des revenus dans les tranches inférieures, où les femmes sont souvent surreprésentées, notamment dans des secteurs comme la santé et la restauration.

Sans grande surprise, les hauts revenus restent l'apanage d'une minorité. D'après les chiffres de l'Insee, seuls 10,6 % des salariés gagnent entre 3 000  et 4 000 euros par mois, et une fraction encore plus réduite, 1,6 %, dépasse les 8 000 euros. Une disparité qui s'accentue, là encore, entre les hommes et les femmes : celles-ci perçoivent en moyenne un salaire de 26 % inférieur à celui d'un homme dans le secteur privé non agricole. 

Un phénomène de smicardisation croissant

La revalorisation prévue du SMIC au 1er janvier 2024, estimée à 1,7 %, porterait le SMIC net mensuel à environ 1 406 euros. Cette augmentation, basée sur l'inflation et le pouvoir d'achat, est une réponse aux fluctuations économiques actuelles. Elle suit une série de revalorisations, sept au total en trois ans, qui ont contribué à l'augmentation du nombre de salariés au SMIC et à une hausse du SMIC de 13,5 % au total sur cette période. Néanmoins, l'effet pervers de ces revalorisations successives est qu'elles ont entraîné un tassement des bas salaires, créant ainsi un phénomène de smicardisation croissante. En l'espace d'une année, le nombre de smicards en France a augmenté de 600.000. Ils n'étaient que 12 % en 2021, 14 % en 2022, ils représentent désormais plus de 17 % des salariés.

Autrement dit, le SMIC qui devait assurer une certaine sécurité aux Français en leur assurant un salaire minimum se trouve à devenir la référence pour l'ensemble des grilles salariales. Il y a une forme de nivellement pas le bas des salaires. « François Hollande et son gouvernement, qui avait pour obsession de réduire le chômage, ont concentré les incitations de retour à l'emploi sur les faibles revenus (...) Cette politique n'a pas changé aujourd'hui » analyse l'économiste Pascal Perri, auprès de nos confrères du Point. Conséquence : on pourrait croire que la classe moyenne basse s'agrandit, mais en réalité, elle s'appauvrit.

Axelle Ker

Diplômée en sciences politiques et relations internationales, journaliste chez Économie Matin & Politique Matin.

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