Défense : le ministère des Armées songe à réquisitionner l’industrie

Le ministre des Armées, Sébastien Lecornu, lors d’une conférence de presse le mardi 26 mars 2024, a indiqué qu’il envisageait de réquisitionner une partie de l’industrie française afin d’assurer la cadence de production d’armement.

Axelle Ker
Par Axelle Ker Publié le 27 mars 2024 à 16h57
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L'exécutif envisage de passer l'industrie en économie de guerre

L'industrie française pourrait être confrontée à une exigence sans précédent de la part du gouvernement. En réponse à une production d'armement jugée insuffisante, le ministre des Armées, Sébastien Lecornu, n'a pas hésité à brandir la menace d'une mobilisation forcée de certains industriels. Pour ce faire, et en s'appuyant sur la loi de programmation militaire qui a été votée à l'automne 2023, le ministre envisage de réquisitionner « des personnels, des stocks ou des outils de production ». Sa déclaration est sans équivoque : « pour la première fois, je n’exclus pas d’utiliser ce que la loi permet au ministre et au délégué général pour l’armement (DGA) de faire, c’est-à-dire si le compte n’y était pas en matière de cadence et de délais de production, de faire des réquisitions le cas échéant ».

« Ce n'est pas l'outil prioritaire au moment où je vous parle, mais je vous dis que ça existe parce que ça crée de la lisibilité aussi pour tout le monde, il n'y aura pas de surprise », assure Sébastien Lecornu. Depuis 2022, le président Emmanuel Macron avait à maintes reprises déclaré que la France était en économie de guerre. Les déclarations du ministre des Armées démontrent que cela n'était en réalité pas le cas. Néanmoins, et comme Sébastien Lecornu l'a averti, cela pourrait effectivement l'être « dans les toutes prochaines semaines ».

Assurer les commandes militaires

L'objectif fixé par le gouvernement est de produire 100.000 obus de 155 mm en 2024, dont 80 % de cette production est destinée à être envoyée en Ukraine. Le ministère des Armées vise ainsi à assurer des niveaux de stock minimaux pour garantir la défense de la France, mais aussi son soutien à l'Ukraine, qui est mise en difficulté par la Russie sur le front. Le contexte géopolitique a relancé l'industrie militaire de la France. « Désormais, on a des contrats opérationnels concrets sur lesquels nous avons une sollicitation » souligne le ministre des Armées. Une annonce qui sonne comme d'une bonne nouvelle pour l'industrie militaire française.

Nonobstant, le secteur ayant tourné au ralenti depuis plusieurs décennies, la France ne se trouve pas en capacité d'assurer une production qui puisse pleinement répondre à d'éventuelles commandes. Un contrat de 200 missiles Aster, des missiles anti-aériens de longue portée, a d'ailleurs été signé en janvier 2023. Mais comme l'a précisé le ministre, « si parfois les cadences de production sont trop lentes, c'est parce qu'il y a une tentation de faire du flux tendu et de ne pas avoir suffisamment de stocks de matières premières ou de composants ». En définitive, et avec l'annonce de la relance de la production de tritium - un gaz essentiel dans la fabrication d'armes de dissuasion nucléaires - et de la filière de la poudre, l'exécutif fait savoir qu'il remet la défense au centre des priorités de la France.

Axelle Ker

Diplômée en sciences politiques et relations internationales, journaliste chez Économie Matin & Politique Matin.

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