lI est fort à parier que de nombreux Français vont regarder avec nostalgie une émission d’Apostrophe ce soir. Son créateur, le journaliste et écrivain Bernard Pivot, a rendu son dernier souffle à Neuilly-sur-Seine, ce lundi 6 mai 2024. L’annonce a été faite par sa fille Cécile Pivot, à qui il avait transmis son amour pour les lettres, auprès de l’AFP.
Bernard Pivot, journaliste et figure emblématique de la culture française est décédé
Bernard Pivot, un journaliste aux émissions cultes
« Jamais d'accent sur le e de ego. Ce serait un pléonasme puisque l'ego ne cesse de mettre l'accent sur lui », avait tweeté pour la dernière fois Bernard Pivot en 2019 sur X (ex-Twitter). Si le célèbre journaliste et écrivain n'était plus actif sur X (ex-Twitter), cela n'empêche pas que près d'un million de personnes suivent son compte. Bernard Pivot lui-même avait partagé les détails de son état de santé dans une interview accordée au Journal du Dimanche, en avril 2023 : « Le mal m'a frappé à la tête, siège du cerveau et de la parole », une révélation qui avait ému le cœur des Français, sa maladie menaçant ses deux outils les plus précieux : sa pensée et sa parole. « Mieux vaut se taire en attendant que la mémoire se recharge et que la pensée refleurisse », avait renchéri le journaliste qui s'était montré déterminé à combattre la maladie.
Né en 1935, Bernard Pivot a débuté sa carrière journalistique à Lyon, sa ville natale, avant de monter à Paris où il a rapidement su se démarquer dans le monde littéraire en devenant rédacteur en chef du Figaro Littéraire en 1958. Après trois ans passés à la tête du Figaro (1971-1974) où il a précédé Jean d'Ormesson, il s’est orienté vers la télévision et la radio tout en passant par Le Point, Le Journal du Dimanche, ou encore Lire. Grâce à ses émissions de télévision dont Apostrophe (1975-1990) et Bouillon de culture (1991-2001), devenues cultes depuis, et où la liberté d'expression régnait, les plus grandes figures culturelles de l'époque telles que Marguerite Duras, Alexandre Soljenitsyne ou encore Charles Bukowski, Antoine Blondin, Raymond Aron... s'invitaient, chaque vendredi soir, dans le salon des Français.
Un défenseur passionné de la langue française
Au-delà de ses émissions, Bernard Pivot a été un ardent défenseur de la langue française. En 1985, il a initié les Dicos d'or, un championnat d'orthographe qui a rapidement gagné une réputation jusqu'à s'être exporté au-delà des frontières françaises. Son implication dans la littérature et son amour pour les mots l'ont mené à l'Académie Goncourt, où il a été le premier journaliste à être coopté en tant que membre en 2004, avant d'en devenir le président de 2014 à 2019.
Outre ses émissions de télévision et ses articles, Bernard Pivot laisse également derrière lui plusieurs romans ainsi que de nombreux essais sur ses passions qui étaient bien évidemment la littérature, mais aussi le vin ou encore le football : L’Amour en vogue (1959), Oui, mais quelle est la question ? (2012) et ...mais la vie continue (2021). Une page de la culture française se tourne donc avec la disparition de Bernard Pivot, mais les Français continueront à la faire vivre dans leur mémoire. Espérons que ses émissions, ses livres ainsi que son engagement pour la langue de Molière inspireront les prochaines générations, en particulier celles des journalistes.