La SNCF a récemment annoncé une prime exceptionnelle pour ses agents en vue des Jeux Olympiques (JO) de Paris 2024. Cette décision, que les syndicats légitiment par une augmentation significative de la charge de travail, suscite de vives réactions.
Prime de 1 900 euros : la SNCF très généreuse pour les JO 2024
Une prime SNCF qui dérange
La direction de la SNCF a convenu d'une prime de 95 euros brut par jour travaillé pour les cheminots mobilisés durant les JO. Ce montant, plafonné à 1 900 euros, vise à compenser l'effort accru requis pendant cette période exceptionnelle. Selon les informations recueillies, environ 50 000 agents seront concernés à travers la France, avec une mobilisation particulièrement intense en Île-de-France. Le cadeau de la SNCF à ses employés pourrait donc coûter environ cent millions d'euros.
Jean-Pierre Farandou a justifié cette prime en évoquant une « référence républicaine », alignant ainsi les cheminots avec les policiers et gendarmes, également bénéficiaires d'indemnités similaires. Cependant, alors les policiers et les gendarmes ne peuvent pas faire grève en cas de conditions de travail précaires, et sont donc loin d'être au même niveau que les cheminots en termes de revendication sociale. De plus, alors que les policiers et les gendarmes seront mobilisés sur des théâtres d'opération différents de leur zone habituelle, à des horaires bousculés, et qu'ils devront faire face à un afflux massif de personnes et à de vrais risques sécuritaires, les cheminots, eux, devront faire le même travail que d'habitude : faire rouler les trains, à l'heure.
Cette prime généreuse pour les uns et coûteuse pour les autres, en l'occurrence les contribuables, rappelle l'accord sur les retraites récemment négocié. Afin de mettre un terme à la grève de mai, qui coïncidait avec les jours de congés de l'Ascension, la SNCF avait accordé aux cheminots une retraite anticipée, qui permettait à ceux qui en profitaient de cesser de travailler deux ans et demi avant l'âge normal de la retraite, tout en continuant à percevoir tout ou partie de leur salaire. Une annonce qui avait agacé Emmanuel Macron, qui avait demandé à Jean-Pierre Farrandou comment il prévoyait de financer un tel accord, alors que la SNCF est largement déficitaire.
Limogeage de Jean-Pierre Farandou : le cadeau de trop ?
À force de ménager les syndicats et de tout miser sur le dialogue social, le président de la SNCF, Jean-Pierre Farandou, est actuellement en cours de limogeage par le Président de la République. Ce dernier reproche à Jean-Pierre Farandou d'avoir accordé trop de privilèges aux cheminots, sans améliorer pour autant un service peu fiable, coutumier des retards et des désagréments en tous genres. D'autant que la SNCF, en situation de monopole sur la plus grande partie du territoire, n'a guère besoin de s'améliorer. Pour prendre le train, les Français n'ont qu'elle.
Pour Sophie Binet, présidente de la CGT, ce limogeage est un choc. Une réaction qui montre bien le confort que l'indulgence de Jean-Pierre Farandou apportait aux syndicats. Sophie Binet soutient que ces critiques ne font qu'aggraver les tensions au sein de l'entreprise et insiste sur le fait que les employés de la SNCF travaillent dans des conditions de plus en plus difficiles et que les avantages accordés sont souvent exagérés par les médias. Pourtant, les rapports successifs de la Cour des comptes montrent bien que, depuis l'époque des trains à charbon, les choses ont évolué, et que les métiers de la SNCF sont nettement moins pénibles qu'avant, au point que certaines primes relèvent du surréalisme.