C’est un désaveu total de la politique répressive menée par la France depuis des décennies concernant le cannabis récréatif… et un désaveu pour le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, farouchement opposé à la légalisation ou la dépénalisation. La consultation citoyenne sur le sujet s’est terminée avec une très large majorité de répondants favorables à une évolution de la législation sur le cannabis récréatif.
80% des répondants favorables à une légalisation
La consultation citoyenne n’est pas un sondage, et ça pourrait être l’argument pour attaquer ses résultats. Aucun tri dans les réponses n’est réalisé pour en faire un échantillon représentatif… mais les résultats sont éloquents : 80% des répondants, sur près de 250.000 réponses, se disent favorables à une forme de légalisation du cannabis récréatif… et 13,8% à une dépénalisation, ce qui serait une légalisation a minima puisque la détention et la consommation ne seraient plus sanctionnés ou alors par une simple amende administrative.
Les opposants au cannabis sont donc très minoritaires : 4,6% des répondants prônent une ligne encore plus dure tandis que 0,8% estiment que la législation en vigueur doit être maintenue.
Une législation inefficace selon la rapporteure
Pour Caroline Janvier, députée LREM et rapporteure du volet récréatif de cette consultation citoyenne, c’est simple : « On sait désormais que la légalisation du cannabis n’est plus un tabou en France et que nos concitoyens font le constat de l’inefficacité de la législation actuelle en la matière », écrit-elle dans un communiqué de presse publié le 1er mars 2021. Un coup dur pour Gérald Darmanin qui, sur Twitter, n’a de cesse de félicité les petites prises du quotidien des policiers et gendarmes, dans des opérations dénoncées par certains comme beaucoup trop chères pour les résultats obtenus.
L’évolution de la vision du cannabis n’es toutefois pas étonnante : malgré une politique très répressive, la consommation en France est la plus élevée de l’Union européenne. Et de nombreux pays, notamment des États américains, ont légalisé avec des résultats éloquents dont des revenus économiques importants.
Le volet économique pourrait être un véritable levier pour faire évoluer la législation vers un marché officiel et légal : la dette Covid étant gigantesque, le gouvernement pourrait voir dans la légalisation du cannabis une manière de récupérer des dizaines de milliards d’euros d’impôts… et de relancer le tourisme.