Budget 2025 : Barnier face à l’épreuve de la Commission européenne

Le 26 novembre 2024, la Commission européenne a accordé son feu vert au budget 2025 de la France. Cette validation intervient dans un climat politique tendu et sous le poids d’une dette publique qui atteint des sommets. Si cette décision est présentée comme une victoire pour le gouvernement de Michel Barnier, elle soulève néanmoins des questions sur la capacité de l’exécutif à tenir ses engagements dans un contexte économique et institutionnel extrêmement complexe.

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Par Nicolas Egon Modifié le 27 novembre 2024 à 11h16
Budget 2025 : Barnier face à l’épreuve de la Commission européenne

Une validation sous conditions strictes

Dans son évaluation annuelle, la Commission européenne a approuvé la trajectoire budgétaire pluriannuelle proposée par Paris. L’objectif est clair : réduire le déficit public, actuellement à 6,2 % du PIB, à 5 % dès 2025 et le ramener sous la barre des 3 % à l’horizon 2029. Bruxelles salue un plan jugé « crédible », prévoyant 60 milliards d’euros d’efforts budgétaires répartis entre 40 milliards de coupes et 20 milliards de recettes fiscales.

Cependant, cette validation ne représente pas un blanc-seing. La France reste sous procédure pour déficit excessif, un statut partagé avec sept autres pays européens. Si Paris échoue à respecter ses engagements, elle s’expose à des sanctions financières pouvant atteindre 0,1 % de son PIB par an, soit environ 2,8 milliards d’euros. Une menace qui pèse sur un pays habitué à flirter avec les limites imposées par Bruxelles.

Une bataille politique sur le front interne

Pour Michel Barnier, ce feu vert de la Commission constitue une bouffée d’oxygène. Mais ce répit pourrait s’avérer de courte durée. La présentation du budget 2025 au Parlement s’annonce comme un véritable test politique pour le gouvernement. Fragilisé par des tensions internes et des motions de censure à répétition, l’exécutif devra naviguer entre la colère des oppositions et les exigences européennes.

Le ministre de l’Économie, Antoine Armand, a tenu à rassurer : « Cette validation démontre la solidité de notre trajectoire budgétaire. Nous sommes déterminés à adopter une loi de finances ambitieuse pour redresser les comptes publics. » Mais dans un contexte de défiance généralisée, ces déclarations peinent à convaincre. Les réformes promises, notamment celles de l’assurance-chômage ou des niches fiscales, risquent de cristalliser encore davantage les mécontentements.

Une politique budgétaire au service de l’Europe

Au-delà des enjeux nationaux, ce budget illustre une volonté de la France de s’aligner sur les attentes européennes. Depuis la réactivation en janvier 2024 des règles budgétaires suspendues pendant la pandémie, Bruxelles exige de ses États membres des plans crédibles et ambitieux pour réduire la dette publique. Avec un ratio d’endettement de 116,1 % du PIB, Paris se situe bien au-delà des seuils tolérés.

Valdis Dombrovskis, vice-président exécutif de la Commission, a rappelé que « la France doit mettre en œuvre des réformes structurelles pour garantir la viabilité de ses finances publiques. » Ces réformes, déjà en partie amorcées, incluent le plan d’investissement « France 2030 » et des mesures pour accélérer la transition énergétique. Reste à savoir si le gouvernement aura les moyens politiques d’imposer ces changements sans fissurer une majorité déjà fragile.

Une France sous pression européenne

Cette validation européenne a des allures de sursis. En cas d’échec, la France pourrait se heurter à des sanctions financières inédites, remettant en question sa crédibilité auprès de ses partenaires. Depuis la création de l’euro, Paris n’a que rarement respecté les critères du pacte de stabilité. Cette incapacité chronique à maintenir ses engagements alimente les critiques au sein de l’Union européenne.

Mais pour Bruxelles, la fragilité politique de la France constitue également une inquiétude majeure. Andreas Eisl, expert de l’Institut Jacques-Delors, a souligné : « L’instabilité gouvernementale française risque de compromettre la mise en œuvre des réformes exigées par l’Union européenne. » Une déclaration qui reflète l’ambivalence de cette validation : une reconnaissance des efforts budgétaires, mais aussi un signal d’alarme.

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