En cas d’attaque nucléaire, la France pourrait bien être démunie. Contrairement à d’autres pays européens comme la Suisse ou l’Allemagne, l’Hexagone n’a ni infrastructures adaptées pour abriter sa population ni véritable plan d’action.
Menace nucléaire : pourquoi la France est-elle si mal préparée ?
Attaque nucléaire : une dissuasion comme unique bouclier
Depuis les années 1960, la stratégie française repose sur la dissuasion nucléaire. Le gouvernement affirme que cette politique est suffisante pour éviter un conflit majeur. Mais qu’en est-il si la dissuasion échoue ? Comme le rappelle Olivier Paccaud, sénateur de l’Oise, la France ne dispose que d’environ 1 000 abris, principalement militaires et privés, datant pour la plupart des années 1980. « Nous n’avons pas de politique de protection civile en cas d’attaque », déplore Jean-Marie Collin, directeur de l’Ican.
La comparaison avec d’autres pays est frappante : la Suisse peut protéger l’intégralité de sa population grâce à 360 000 abris répartis sur son territoire. L’Allemagne, bien que moins bien équipée, a lancé un inventaire national de ses bunkers et travaille à rendre ces informations accessibles à ses citoyens via une application mobile.
Pourquoi la France a-t-elle négligé cette question ? L’une des explications réside dans le mythe de la sécurité offerte par la dissuasion. « Depuis 60 ans, on mise tout sur la dissuasion, sans plan B », explique Jean-Marie Collin.
Cette approche contraste avec celle de pays comme la Russie, qui a développé des abris mobiles capables de protéger des groupes en cas d’urgence, ou encore la Norvège et la Finlande, où l’intégration d’abris dans les bâtiments publics est une norme. En France, les rares infrastructures civiles capables de protéger la population sont vétustes ou inadaptées, souvent issues de la Seconde Guerre mondiale.
Les limites des abris privés
Les bunkers privés, bien que de plus en plus recherchés par les particuliers, ne sont pas une solution viable pour la majorité des Français. « En cas d’explosion nucléaire, la destruction serait totale et la radioactivité persistante », rappelle Abraham Behar, président de l’Association des médecins pour la prévention de la guerre nucléaire.
Même pour les survivants abrités, l’après-catastrophe serait synonyme de chaos. La destruction des infrastructures essentielles, combinée aux radiations, rendrait toute survie durable extrêmement difficile. À moins de posséder des mois de ressources alimentaires et de pouvoir rester enfermé dans des conditions spécifiques, ces refuges ne seraient qu’un répit temporaire.
Alors que la guerre en Ukraine a ravivé les peurs d’un conflit nucléaire, de nombreuses voix plaident pour le désarmement. « La meilleure façon d’éviter une guerre nucléaire est encore de s’assurer qu’elle ne puisse pas avoir lieu », martèle Jean-Marie Collin. Le contraste entre les efforts d’autres pays pour se préparer à une attaque et l’absence de planification française montre que la politique actuelle n’est pas adaptée à l’époque. Au lieu de renforcer ses infrastructures civiles, la France continue de s’appuyer sur une stratégie dont l’efficacité ne peut jamais être garantie à 100 %.