Ce mardi 3 décembre 2024, Michel Barnier, désormais en sursis, s’exprimera dans les journaux télévisés de TF1 et France 2 depuis Matignon face à Anne-Sophie Lapix et Gilles Bouleau. Dernière tentative pour le Premier ministre de défendre son budget ainsi que son recours à l’article 49.3 pour le faire passer en force sans le vote de l’Assemblée. Emmanuel Macron prépare la suite.
Censure : Barnier va tenter de se sauver à la télé ce soir
Face-à-face télévisé pour Barnier
Michel Barnier s'est volontairement mis sur un siège éjectable en déclenchant l'article 49.3 pour faire passer en force le projet de budget de la Sécurité sociale pour 2025. Tempête politique donc, le Rassemblement national ayant annoncé le même jour qu'il allait voter en faveur de la motion de censure déposée par la gauche. Michel Barnier, tentant le tout pour le tout, invité du journal télévisé de 20 h de TF1 et de France 2, défendra tant que faire se peut son recours à l'article 49.3 ainsi que son budget. Le Premier ministre, conscient de la réalité de la menace qu'aboutisse l'une des deux motions de censure qui ont été déposées lundi 2 décembre à son encontre, une par la LFI, l'autre par le Rassemblement national, avait appelé les députés de l'Assemblée nationale à prendre du recul et à ne pas faire tomber son gouvernement, arguant qu'il s'agissait d'un « moment de vérité qui met chacun devant ses responsabilités (...) » et que « les Français ne nous pardonneraient pas de préférer les intérêts particuliers à l’avenir de la nation ».
C'est l’absence d’accord sur l’indexation des pensions de retraite qui aura finalement, si cela se confirme, sonné le glas pour le Premier ministre. La chute du gouvernement semble scellée, puisque l'alliance entre le Front Populaire et le Rassemblement national permettrait d'atteindre les 289 votes requis pour faire aboutir la motion de censure, ce qui serait une première depuis la chute du gouvernement de Georges Pompidou en 1962. Comme le note France Info, cela rendrait « caduques les copies budgétaires de l’exécutif », et la reconduction du budget 2024 pourrait devenir inévitable.
Une équation insoluble pour Macron ?
Pour Emmanuel Macron, l’après-Barnier s’annonce des plus épineux. Anticipant la censure de Barnier, le Président, depuis plusieurs jours, multiplie les consultations à l’Élysée. Selon Le Parisien, il aurait déjà entamé des discussions prospectives : « Ce sont des discussions durant lesquelles il nous interroge sur les différents scénarios, les options, le "quand" et le "qui" ». Le défi est immense : trouver une personnalité capable de rassembler une majorité et de stabiliser la situation politique jusqu’en 2027.
Les options évoquées semblent néanmoins limitées. Bernard Cazeneuve, ancien Premier ministre socialiste, figure parmi les noms cités. « On va nommer quelqu’un de la gauche qui a censuré Barnier ? C’est inconcevable ! », s’insurge un ministre de l'aile droite cité par Le Parisien. Une autre piste, celle de Sébastien Lecornu, ministre des Armées, pourrait apparaître plus consensuelle. Mais son appartenance au bloc central macroniste, fragilisé par les dernières législatives, pourrait ne pas être acceptée par l’opposition. Même chose pour François Bayrou (MoDem), dont le nom revient régulièrement à la charge, mais qui est qualifié d’« emmerdeur fini » par un proche du Président.
D'autres noms, tels que celui de François Villeroy de Galhau, gouverneur de la Banque de France, ou de Thierry Breton, ex-commissaire européen, sont mis sur la table. Mais qui acceptera de risquer de se brûler les ailes pour le Président ? La tâche s'annonce donc plus que complexe pour Emmanuel Macron. Pour autant, on murmure auprès de nos confrères que le prochain Premier ministre pourrait être nommé « dès cette fin de semaine ou la semaine prochaine ».