Accord UE-Mercosur : Rome n’en veut pas (pour l’instant)

L’Italie a indiqué sa position défavorable pour l’accord UE-Mercosur. Tandis que certains pays veulent accélérer les négociations, d’autres freinent, brandissant des arguments stratégiques. Mais qu’est-ce qui pousse Rome à maintenir ses distances ?

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Par Grégoire Hernandez Publié le 6 décembre 2024 à 11h00
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Au-delà d'un simple désaccord commercial et derrière les chiffres et les normes, se dessine une bataille idéologique sur l'avenir de l'agriculture et de la souveraineté alimentaire.

Mercosur : une alliance Rome-Paris pour bloquer l’accord

L'accord entre l'Union européenne et le Mercosur devait sceller un partenariat économique ambitieux. Ce texte vise à réduire les barrières douanières entre deux blocs représentant 780 millions de consommateurs. Cependant, la ratification de cet accord est aujourd’hui bloquée par des divisions internes à l’UE, particulièrement entre la France et l’Italie.
Rome affirme que « les conditions ne sont pas réunies » pour aller de l'avant. Le gouvernement italien souhaite des garanties sur plusieurs points, notamment le respect des normes vétérinaires et phytosanitaires européennes. « Tout produit entrant sur le marché intérieur doit répondre à nos standards de qualité », rappellent les autorités.

Le secteur agricole italien joue un rôle central dans cette opposition. Pour Giorgia Meloni et son gouvernement, la signature de cet accord pourrait désavantager les producteurs locaux face à des concurrents sud-américains bénéficiant de normes moins strictes.
Rome exige donc « un système rapide et efficace de compensation » en cas de déséquilibres économiques. Cette condition rejoint l'opposition farouche de la France, mais avec une nuance : l'Italie semble davantage axée sur des garanties pragmatiques, tandis que la France mène une critique plus globale contre l’impact environnemental et social des normes du Mercosur.

Ursula von der Leyen compte conclure l'accord

L'opposition italienne complique la tâche d'Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne, qui cherche à conclure ce projet. Elle est arrivée au sommet des pays du Mercosur qui s'est ouvert le 5 décembre 2024 à Montevideo (Uruguay). Si juridiquement rien n’empêche une annonce d’accord, politiquement, le blocage italien pourrait faire des émules. Avec le soutien de Varsovie et donc de la France, une minorité de blocage pourrait empêcher l’adoption définitive de l’accord au Conseil européen. Pour empêcher l'adoption du texte, la France a besoin de rallier trois autres pays représentant plus de 35% de la population de l'UE, avec donc déjà l'Italie et la Pologne de son coté. 

Malgré son opposition actuelle, Rome insiste sur l’importance stratégique des relations avec le Mercosur. « Approfondir les liens avec ces pays reste une priorité », rappellent les représentants italiens.
Giorgia Meloni doit également jongler avec les divergences internes de son gouvernement : Antonio Tajani, ministre des Affaires étrangères, se montre plus favorable à l’accord que Francesco Lollobrigida, ministre de l'Agriculture.

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