France-Kazakhstan : une nouvelle année de coopération intense

Ces douze derniers mois ont été riches en réalisations sur le plan de la coopération entre le France et le Kazakhstan, pays qu’on surnomme souvent « la locomotive économique d’Asie centrale ».

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Par Paolo Garoscio Modifié le 22 décembre 2024 à 6h22
Kazakhstan France Bilan 2024 Relations Bilaterales

Énergie renouvelable et entretien des locomotives pour les Chemins de fer du Kazakhstan

Le Kazakhstan ne vient pas automatiquement à l’esprit quand on pense aux partenaires commerciaux de la France. Et pourtant, nos deux pays entretiennent une coopération intense dans divers domaines.

Dans le domaine de l’énergie, la France est en train de construire un parc éolien de 1 GW près du village de Mirny dans la région de Jamboul. Ce projet est entièrement financé par un investisseur français. Un accord spécial a d’ailleurs été ratifié fin 2023 entre les gouvernements français et kazakh, ouvrant la voie à un partenariat inédit dans la lutte contre le réchauffement climatique. Cet accord porte sur des projets dans les domaines des énergies renouvelables et du développement durable.

Fin novembre 2023 également, dans le domaine de l’industrie cette fois-ci, Alstom a annoncé l'ouverture d'un dépôt de réparation de wagons et d'un centre de service principal pour l'entretien des locomotives électriques au Kazakhstan. Alstom envisageait d'investir encore 50 à 100 millions d'euros pour construire quatre centres de services dans tout le pays, de quoi créer 450 emplois. La présence d’Alstom au Kazakhstan ne date d’ailleurs pas d’hier : en un peu plus d’une décennie, Alstom a investi des centaines de millions d'euros et employé des centaines de personnes dans ce pays d’Asie centrale. À noter que la production est localisée au Kazakhstan, certes pas intégralement, mais à un degré très important.

Orano va extraire de l’uranium au Kazakhstan

La coopération entre nos deux pays est intense dans le domaine des ressources minières également. À la mi-novembre 2023, Orano avait annoncé se préparer à lancer l'exploitation d'une nouvelle mine d'uranium au Kazakhstan. Ce développement a marqué une expansion importante de ses activités au Kazakhstan, un pays déjà reconnu comme un acteur clé dans la production mondiale d'uranium. La présence d’Orano au Kazakhstan est d’ailleurs assez ancienne. Il faut savoir que depuis 1996, Orano (anciennement connu sous le nom d'Areva) a joué un rôle crucial dans l'industrie minière du Kazakhstan à travers son entreprise conjointe KATCO, créée avec la société nationale kazakhe Kazatomprom. Cette collaboration franco-kazakhe a été un succès, avec l'extraction de plus de 40.000 tonnes d'uranium au cours des deux dernières décennies. L'exploitation actuelle de la mine ISR a une capacité annuelle d'environ 4.000 tonnes d'uranium, employant plus de 1.200 personnes.

Le dernier développement dans cette coopération réussie est l'exploitation, depuis fin 2023, de la mine du Sud de Tortkoudouk. Ce projet, soutenu par un accord signé en août 2022 avec le ministère de l'Énergie du Kazakhstan, promet de prolonger la production d'uranium de KATCO pour environ quinze ans supplémentaires.

Un mémorandum et un accord tripartite entre le Kazakhstan et la France sur l’exploration des eaux souterraines dans le bassin d’Ile-Balkhach sont en préparation. Ce partenariat inclura des recherches scientifiques approfondies, soutenues par des institutions françaises de premier plan, dans une zone stratégique où sera construite la première centrale nucléaire du pays.

Globalement parlant, le Kazakhstan aspire à devenir un fournisseur fiable de matières premières critiques pour l’industrie française et européenne, en exploitant ses riches ressources minérales, dont le lithium et le titane, qui sont essentiels pour les technologies modernes.

Le Kazakhstan, un partenaire commercial sous-estimé à tort

Dans le domaine du commerce aussi, le Kazakhstan répond pleinement aux intérêts français. Il faut savoir que plus de 80% des produits importés par la France de Chine transitent par le Kazakhstan. Les échanges bilatéraux entre le Kazakhstan et la France ont également augmenté de 45% en 2024. Les investissements français dans le pays, quant à eux, ont connu une croissance de 15%, atteignant près de 900 millions de dollars. Plus de 200 entreprises françaises, telles que Total, Alstom, et Danone, sont désormais présentes sur le marché kazakh. Sans oublier Suez et Veolia, dont les technologies sont cruciales pour moderniser l’infrastructure hydraulique du Kazakhstan.

Le 1er novembre 2023, lors de la visite d’Emmanuel Macron au Kazakhstan, les présidents des deux pays avaient d’ailleurs présidé à un Forum d'affaires franco-kazakh, qui avait concrétisé les opportunités de coopération dans divers secteurs. Cet élan s’est poursuivi un an plus tard : le 4 novembre 2024, à Paris, la France et le Kazakhstan ont signé 24 accords pour un total de 2,2 milliards de dollars. Informatique, agroalimentaire, extraction d’uranium, médecine, industrie légère et même perspectives de collaboration dans le domaine de l’énergie… : difficile de citer un secteur où un accord n’a pas été signé.

L’agriculture, autre domaine dans lequel le Kazakhstan excelle

Du 1er au 4 octobre 2024, le Kazakhstan a été l’invité d’honneur du Sommet de l’élevage de Clermont-Ferrand. Il faut savoir qu’au Kazakhstan, 12,7% de sa population active travaille dans l’agriculture. Il n’est alors pas étonnant si ce pays, qui dispose de 216 millions d'hectares de terres agricoles (dont 181 millions consacrés aux prairies), compte environ 6.000 grandes unités de production de blé et 165.000 fermes individuelles. L’élevage occupe également une place importante avec des cheptels de 8,6 millions de bovins, 21,9 millions d’ovins et 56 millions de volailles, permettant une production de 6,5 millions de tonnes de lait cru. Aujourd’hui, grâce à ses vastes terres agricoles et ses projets avec des multinationales, le pays cherche à s’ouvrir à de nouveaux marchés.

De nouvelles opportunités pour les Kazakhs pour apprendre la langue française et étudier en France
Une coopération existe entre la France et le Kazakhstan dans le domaine de l’éducation également. Lors de la visite d’Emmanuel Macron à Astana en novembre 2023, il avait été décidé que les échanges universitaires seraient dynamisés grâce à l'augmentation du nombre de bourses dans le cadre du programme « Abaï-Verne » et à l'expansion du programme « Bolachak ». Des accords sur l'ouverture de deux nouvelles écoles françaises, à Astana et Almaty (prévue pour 2025), et la promotion de la langue française dans le système éducatif du Kazakhstan ont également été signés. Rappelons que depuis 2011, une section française est présente à l'École internationale Miras d'Astana, et depuis 2014, une filière française opère au Collège international d'éducation ininterrompue d'Almaty. Ces écoles ont joué un rôle clé dans la promotion de l'éducation française et ont servi de modèles pour le développement des nouvelles écoles.

Des projets de développement français seront également mis en œuvre au Kazakhstan grâce à la ratification le 25 octobre 2024 par le parlement kazakh de l’accord intergouvernemental officialisant l’arrivée de l’Agence Française de Développement (AFD) au Kazakhstan.

Une coopération qui fleurit sur le terrain de la culture également

Les deux pays ont des projets communs dans le domaine de la culture également. En juin 2024, le Kazakhstan a organisé pour la première fois une semaine dédiée aux premières de films français. Un mois plus tard, le Centre Pompidou, à Paris, a acquis une œuvre des artistes Elena et Viktor Vorobiov, illustrant l'intérêt croissant pour l'art contemporain kazakh. L’œuvre, « L’Artiste dort », est désormais présentée au musée.

En novembre 2024, c’est la ministre kazakhe de la Culture, Aïda Balaïeva, qui a fait le déplacement à Paris, aux côtés du président Kassym-Jomart Tokaïev. Un entretien avec la directrice du musée du Louvre, Laurence des Cars, a permis de discuter de la création d'un programme d’échanges entre les musées kazakhs et le Louvre. Ce projet engloberait des séminaires et conférences conjointes, destinés à enrichir les connaissances des experts et à promouvoir le dialogue culturel. Outre l'organisation d'expositions communes, le programme viserait également la recherche archéologique, permettant aux deux pays de partager leurs découvertes et de publier des travaux scientifiques. La dimension scientifique de ce partenariat ouvre ainsi la voie à une coopération approfondie dans l’étude et la conservation des œuvres, grâce aux ressources et à l’expertise technique des institutions françaises.

Aïda Balaïeva a également exprimé son intérêt pour une collaboration autour de la restauration du patrimoine kazakh. En effet, un centre de restauration est en cours de développement au sein du Musée national du Kazakhstan, pour lequel le soutien technique et académique du Louvre serait précieux. Ce centre a pour ambition de devenir un lieu d’excellence, accueillant les professionnels kazakhs en formation dans le domaine de la conservation d’œuvres d’art et de la restauration. La ministre a ainsi insisté sur l’importance de stages et de formations, qui permettront aux spécialistes kazakhs de perfectionner leurs techniques en s’inspirant des pratiques du Louvre.

Et, pour la plus grande joie du public parisien, une exposition exceptionnelle illustrant le développement des civilisations des steppes eurasiatiques à travers plus de cinq millénaires d’histoire, dans une scénographie immersive et poétique, a été inaugurée au musée Guimet, à Paris.

Une participation haut en couleurs aux Jeux olympiques de Paris 2024

Les athlètes kazakhs n’ont pas manqué de se rendre à Paris lors des derniers Jeux olympiques. Ils y ont remporté sept médailles. Le judoka Yeldos Smetov a remporté la seule médaille d'or du Kazakhstan dans la catégorie des moins de 60 kg. Les Kazakhs sont montés trois fois sur la deuxième marche du podium. Le gymnaste Nariman Kurbanov, le lutteur gréco-romain Demeu Zhadrayev (77kg) et le boxeur Nurbek Oralbay (80kg) ont terminé les Jeux olympiques avec des médailles d'argent. Nazym Kyzaybay (boxe, jusqu'à 50 kg), les tireurs Alexandra Le et Islam Satpayeva (épreuves mixtes par équipe) et le judoka Gusman Kyrgyzbayev ont terminé troisièmes. Au total, 80 athlètes kazakhs, représentant 25 disciplines différentes, s’étaient rendus à Paris pour ces Jeux olympiques.

Au Jeux paralympiques de Paris 2024, le Kazakhstan a été représenté par 44 athlètes, qui ont concouru dans 9 disciplines. L'équipe du Kazakhstan a obtenu des résultats exceptionnels en remportant 9 médailles - 2 en or, 3 en argent et 4 en bronze, ce qui a permis au pays de prendre la 39e place au classement général des médailles.

« Born Bold », une campagne pour faire connaître le Kazakhstan à l’international

Le Kazakhstan souhaite se faire connaître à l’international comme une terre d’opportunités pour les investisseurs. C’est dans cette veine que le gouvernement du Kazakhstan a lancé une campagne intitulée « Born Bold ». « Au Kazakhstan, notre approche unique nous a toujours distingués. Nous offrons un accès inégalé aux marchés de l'Est et de l'Ouest, nous sommes riches en ressources naturelles, nous disposons d'une main-d'œuvre hautement qualifiée, et notre gouvernement est déterminé à soutenir la croissance. Investir au Kazakhstan, c'est profiter d'une économie en pleine expansion. C'est pourquoi les investisseurs tournés vers l'avenir choisissent le Kazakhstan », peut-on lire sur son site Internet. « La campagne met en avant l'approche audacieuse du Kazakhstan, qui le distingue des autres nations. Elle met également en avant les solides références et le potentiel du pays dans des secteurs clés : logistique et transport, jeunesse et éducation, énergie et environnement, tourisme et culture. Au Kazakhstan, des opportunités peuvent être trouvées à chaque tournant, attirant les pionniers et les investisseurs du monde entier », peut-on y lire.

Pourquoi ce slogan, « Born Bold » ? « Si vous dites à un Kazakh qu'il est audacieux, il grandit d'une tête, ses épaules reculent, il inspire et s'avance pour relever le défi. Cette mentalité de « pouvoir faire » a été le moteur du développement de notre pays au cours des 30 dernières années », avait expliqué aux journalistes Roman Vassilenko, le vice-ministre des Affaires étrangères du Kazakhstan.

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Après son Master de Philosophie, Paolo Garoscio s'est tourné vers la communication et le journalisme. Il rejoint l'équipe d'EconomieMatin en 2013. Suivez-le sur Twitter : @PaoloGaroscio

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